Les ventes de logements privés ont repris au dernier trimestre 2014 : 412 000 logements ont été construits en 2014 selon les dernier Comptes du logement publiés en février 2015, les taux d’intérêts sont à un niveau historiquement bas, ce qui facilite le financement de l’accession à la propriété… Selon les interprétations des uns et des autres, l’heure est à l’optimisme ou à la prudence.
Pour la députée (PS) du Nord Audrey Linkenheld, qui a par ailleurs été rapporteure de la loi ALUR, « l’heure est à la mobilisation collective. La loi Alur a apporté des éléments structurants, des outils encore plus forts pour produire du logement, mieux travailler sur les attributions… Ces politiques seront mises en place, mais il faut du temps, et accompagner les décideurs locaux. Tous ne sont pas toujours très allants pour construire du logement social ».
Le député (UMP) du Val d’Oise François Scellier, a quant à lui appelé à une stabilité de l’économie du logement, et de sa fiscalité, pour rétablir la confiance des acquéreurs et des investisseurs.
Interpellée par la fondation Terra Nova sur la question du transfert du permis de construire du maire au président de l’intercommunalité, Audrey Linkenheld a rétorqué : « Il faut déjà se mettre au travail sur le transfert aux intercommunalités de l’élaboration du plan local d’urbanisme. Je préfère consacrer de l’énergie à mettre en oeuvre ce qui a été voté’.
Quel financement pour les équipements publics ?
Le sénateur (UMP) de Seine-Saint-Denis Philippe Dallier est plus inquiet, quant aux capacité financières des collectivités territoriales d’accompagner la construction de logements. « Quand on construit, il faut anticiper les besoins futurs en équipements publics, que ce soit en matière scolaire, en aménagements. Or les collectivités territoriales, avec la baisse des dotations de l’Etat, voient leur capacité d’autofinancement s’amenuiser. Il faut aller vers une contractualisation de l’Etat avec les communes qui veulent construire, afin de leur donner les moyens de fournir les équipements publics induits ».
L’aide aux maires bâtisseurs annoncée par Manuel Valls le 4 mars 2015, avec un fonds de 100 millions d’euros, dont 15 millions pour l’année 2015, semble trop restrictive tant dans son montant que dans ses conditions, pour être vraiment incitative, estiment les élus locaux. « C’est totalement décalé par rapport aux besoins, juge Philippe Dallier. On ne mesure pas encore l’impact que va avoir cette baisse des dotations de 3 milliards dans les années à venir ».
André Yché, président du directoire du groupe SNI, alerte quant à lui sur le montant des fonds propres nécessaires aux bailleurs pour monter des opérations, en hausse constante. Une meilleure maitrise des coûts de construction, nécessaire, pourra notamment être notamment permise avec le développement des outils numériques, estime-t-il.
Mettre en oeuvre les outils créés par la loi ALUR, et cesser de les modifier, ce sera déjà une gageure pour les pouvoirs publics dans les années à venir…
Quel rôle pour le logement intermédiaire ?
Organisées les 12 et 13 mars, les rencontres du logement intermédiaire ont été l’occasion de revenir sur le plan du Gouvernement pour construire 30 000 logements intermédiaires sur cinq ans, notamment soutenu par la SNI. Celle-ci a créé un fonds en juillet 2014, destiné à attirer les investisseurs institutionnels.
Des bailleurs sociaux sont en train de créer des filiales pour, à leur tour, se lancer sur ce nouveau segment. Action logement, acteur traditionnel sur ce marché du logement, risque d’être moins présent, du fait de son financement accru de l’Agence nationale de rénovation urbaine et de l’Agence nationale de l’habitat.
RRP, filiale du groupe Solendi, collecteur du 1% logement, qui possède déjà un patrimoine de 6300 logements intermédiaires en Ile-de-France, table sur 400 nouveaux logements de ce type par an.
Reste que le logement intermédiaire n’a une véritable utilité qu’en Ile-de-France, là où l’écart de loyer entre le marché libre et encadré est encore conséquent.
Pour Hervé Legros, PDG du groupe Alila, promoteur spécialisé dans la construction de logements conventionnés et intermédiaires notamment sur la région lyonnaise, « le logement intermédiaire est le chaînon manquant entre le logement social classique, et le logement PLS (logement social au plus haut niveau de loyer). C’est un produit intéressant, mais pas n’importe où. Il doit être réservé aux secteurs où les loyers du logement libre sont élevés. Il nécessite une vraie spécialité dans son montage ».
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