Retracer l’histoire du développement du conseil en sécurité à l’attention des collectivités locales revient à étudier quelques grandes mutations de la sécurité de ces 25 dernières années, en particulier trois aspects : l’instauration de nouvelles obligations légales, la remunicipalisation de la sécurité publique et la montée en puissance du thème de la sécurité comme enjeu politique.
“Trois grands morceaux représentent 80% du marché du conseil en sécurité publique”, indique Eric Chalumeau, ancien commissaire divisionnaire et figure de proue de l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI devenu aujourd’hui INHESJ), dirigeant d’une des principales sociétés de conseil en sécurité, Suretis, ancienne filiale d’Icade.
Chronologiquement, les contrats locaux de sécurité (CLS) ont constitué le premier morceau. “Le conseil en sécurité est né dans les années 90, rappelle le sociologue Laurent Mucchielli, spécialisé sur les questions de sécurité, mais l’explosion du marché a lieu avec les CLS lancés par Lionel Jospin en 1997.”
Plus de 500 contrats en 3,5 ans – Le Premier ministre de l’époque souhaite en effet développer une politique de sécurité de proximité, partenariale, articulée selon les préconisations du CLS, qui repose sur un diagnostic local de sécurité obligatoire, comme le précise la circulaire de mise en œuvre. Les collectivités se tournent alors vers le privé pour les aider à élaborer ce document. En trois ans et demi, plus de 500 CLS sont signés, qui se traduisent souvent par une prestation privée.
“Deux cabinets ont occupé la plus grande part de ce marché à partir de 1997 : Espace Risk Management (ERM) fondé en 1991 et AB Associates, qui voit le jour en 1994, détaillait cet article de la revue Savoir/Agir. Ils sont respectivement situés à Montpellier et à Paris et dirigés par Claude-Jean Calvet et Alain Bauer.
Ils proposent une vaste gamme de produits allant de l’analyse de la délinquance aux audits de sûreté urbaine, en passant par le diagnostic local de sécurité, l’audit de sûreté des transports, etc.” Les deux autres grosses entreprises du secteur, Althing, devenu Spallian, et Icade Suretis arrivent respectivement en 2000 et 2001. Autour d’eux, plusieurs dizaines de structures, souvent petites, voient le jour.
“Le profil le plus courant de ces experts est celui du fonctionnaire de police (commissaires, inspecteurs généraux de la Police nationale) détaché dans des structures para-publiques ou ayant monté, au terme de sa carrière policière, sa propre société d’expertise” résumaient Jean-Paul Buffat et Tanguy Le Goff dans Les Cahiers de la sécurité(1).
Velléités d’expertise publique – Leur marché se développe car l’expertise publique ne croit pas en conséquence, malgré les velléités dans ce sens. “Pour que son ‘discours de la méthode’ ne reste pas lettre-morte, (…) l’État s’est efforcé de structurer, à l’échelle nationale, une expertise publique en ‘ingénierie de la sécurité’ susceptible ...
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