Avec son exposition « Revoir Paris » (1), François Schuiten propose de découvrir les dessins du Grand Paris tel que nous l’avons rêvé. Que reste-t-il aujourd’hui de cette ambition ? Un métro dont la réalisation avance à grands pas, grâce à la société du Grand Paris. Pour les contrats de développement territorial – neuf ont été signés -, l’état des lieux est plus contrasté, l’avenir incertain. Incertain, car le chantier de la gouvernance se joue sur plusieurs lois, calendriers, fronts : la métropole et ses territoires, les intercommunalités de la grande couronne, les transferts de compétences des départements. Incertain aussi, car si les propositions actuelles étaient adoptées, nous déboucherions sur trois absurdités.
La première serait l’inversion des échelles. Des compétences de proximité par nature, comme les routes départementales et les collèges aux cartes scolaires couvrant 13 000 habitants, seraient gérées à l’échelle d’une région de douze millions d’habitants. Des compétences métropolitaines, la stratégie urbaine, les grandes infrastructures et les opérations d’aménagement, seraient a contrario gérées à l’échelle d’une métropole de sept millions d’habitants. La deuxième absurdité serait l’incarnation du Grand Paris. Qui demain sera face au maire de Londres au Mipim de Cannes ? Le président d’une Ile-de-France baptisée Paris région ? Le président de la métropole ? Le maire de Paris ? La troisième absurdité est que l’on essaie de réparer les défauts congénitaux de la métropole – un périmètre trop étroit, une compétence sur le logement et l’aménagement sans le transport -, en la plaçant, au fur et à mesure, sur une trajectoire de collision de plus en plus rapide et frontale avec la région.
N’est-il pas temps de revenir à une unité de temps et de lieu dans l’action législative ? Le prix à payer, sinon, sera des années d’investissements, de développement économique et d’emplois perdus. Une seconde loi sur le Grand Paris, cohérente avec celle de 2010, serait la bienvenue pour définir les trois échelles de gouvernance pertinentes dans une région capitale polycentrique et pour dire quelles compétences gérer à chaque échelle, dans une logique de subsidiarité.
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Note 01 Exposition "Revoir Paris", à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris Retour au texte