Quand François Hollande a évoqué, début novembre 2014, lors d’une émission télévisée, son projet « d’élargir » le service civique, il a créé une certaine confusion. Le service civique sous sa forme actuelle était-il condamné ? François Chérèque, président de l’agence du service civique, avait alors précisé, notamment pour la Gazette,
les propos du président : il y aurait deux services civiques, celui qui existe aujourd’hui, basé sur le volontariat, long et rémunéré, et, à côté, un service civique pour tous, court, basé, lui, sur le bénévolat et obligatoire, d’où son qualificatif « d’universel ». Mais quand François Hollande est revenu sur ce projet, lors de ses vœux pour la nouvelle année, c’est cette fois-ci l’opposition, mêlée d’une vive émotion, des associations qu’il a suscitée. Les opposants au service civique universel semblent craindre que ce nouveau dispositif aboutisse à une disparition du service civique, qui doit fêter en mars 2015 ces cinq ans d’existence.
Protéger un succès
Dans une lettre ouverte au président de la République, diffusée le 3 janvier 2015, différents responsables associatifs, et aussi Nadia Bellaoui, présidente du Mouvement associatif, le « (supplient) d’éviter le piège de la précipitation et de la course aux chiffres », de consolider le financement du service civique actuel et de ne pas le « sacrifier » au profit d’un service civique universel. « Car assouplir le service civique (…), c’est renoncer à l’ambition qui était celle des parlementaires en le créant », ajoutent-ils.
Elise Renaudin, directrice déléguée de l’Association pour la fondation étudiante pour la ville (AFEV), est sur la même longueur d’onde que les signataires : « Nous sommes pour un développement du service civique actuel. Cette mesure est un vrai succès. Les jeunes en témoignent, cette expérience leur apporte beaucoup, souvent à une étape-clé de leur vie. D’ailleurs, il y a cinq fois plus de candidatures que de missions à remplir. A l’Afev, nous accompagnons des volontaires dans des missions se déroulant dans des quartiers populaires et nous vérifions que le service civique participer à la création du lien social. Après, il faut que les moyens pour encadrer les jeunes suivent. ».
Bénévolat des jeunes
Quand on demande à Elise Renaudin si un service civique universel ne permettrait pas de développer le sens de l’engagement chez les jeunes, elle répond que le public jeune est déjà fortement mobilisé. Selon les observations de l’Afev, il y aurait actuellement une « explosion » de l’engagement associatif, avec un tiers de jeunes en plus entre 2010 et 2013. « Instaurer un dispositif de bénévolat obligatoire viendrait dévaloriser cette dynamique », souligne-t-elle.
En attendant que soient précisés les contours d’un dispositif universel, l’agence du service civique s’est fixée pour objectif d’atteindre les 45 000 contrats pour l’année 2015. Actuellement, seulement 7,3 % des jeunes en contrat le sont au sein d’une collectivité. Une convention, à l’étude depuis plusieurs mois, entre le ministère de la Jeunesse, l’AMF, l’ADF et l’ARF devrait permettre de renforcer la collaboration entre l’Etat et les collectivités.