La nouvelle carte des régions, mère des réformes. Pour le député-maire (UDI) de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, la réorganisation territoriale conditionne tout : le schéma national des infrastructures de transport, la réforme fiscale, la stratégie économique de la France…
Aussi, a-t-il formé sur le sujet un groupe d’experts économiques composé d’entrepreneurs, de hauts fonctionnaires et d’élus locaux. Ce cénacle a dessiné une carte des régions en fonction de trois critères : « la taille critique pour asseoir des politiques de développement », « le binôme métropole-région pertinent », « la connexion avec le monde par l’influence des grands ports maritimes ».
La Corse avec PACA – Le résultat est décoiffant. En lieu et place des 22 actuelles régions métropolitaines, 8 « pôles territoriaux » voient le jour. Parmi ceux-ci, un Grand Paris / Normandie court jusqu’à la mer, glanant au passage « les marches » de l’Ile-de-France (La Marne, l’Aube, l’Yonne, le Loiret, le Loir-et-Cher et la même la Sarthe).
La Corse est, pour l’occasion, réunifiée avec Provence-Alpes-Côte d’Azur au sein d’une méga-région Marseille / Méditerranée. « L’huile d’olive corse peut se connecter au monde par le port de Fos », se justifie Jean-Christophe Fromantin. Faisant fi des irrédentismes, le vice-président de l’UDI souhaite, avant tout, doper les différents tissus productifs et industriels.
Des ports et des corridors – « Le commerce mondial se fait par les containers, martèle-t-il. Il faut donc transformer nos ports qui ont été conçus pour accueillir des hydrocarbures et créer des corridors pour le transport. Il n’est plus possible qu’un container mette plus de temps pour accomplir le trajet Marseille / Dijon que Hong-Kong / Rotterdam », juge l’ancien chef d’entreprise.
Le vice-président de l’UDI se défend pour autant de donner le primat à la compétition économique : « Notre carte est très équilibrée, contrairement aux 14 régions de François Hollande dont le potentiel de développement varie de 1 à 10 ».
Pour Jean-Christophe Fromantin, la réforme territoriale est « extrêmement ringarde » : « La logique est purement administrative. Le Président de la République avait parlé de 11 régions après les régionales. On est déjà à 14. Demain, on sera à 17. Tout cela n’a pas de sens en termes d’aménagement du territoire. » A ses yeux, le projet de loi de redécoupage présenté ce 18 juin en conseil des ministres est « mort-né ».
Des « alvéoles de proximité » – Jean-Christophe Fromantin approuve cependant la « dévitalisation » des départements enclenché par le secrétaire d’Etat à la réforme territoriale, André Vallini. Mais cette opération, selon le premier magistrat de Neuilly, ne passe pas par la montée en puissance des intercommunalités.
Il leur préfère les « 300 pays », lointains échos aux « 300 fromages » du général de Gaulle. « Il faut que l’on fasse extrêmement attention à ne pas déraciner les Français. Le dialogue entre les grandes régions et les instances locales doit s’exprimer dans ces 300 alvéoles de proximité », recommande-t-il.
Jean-Christophe Fromantin va devoir maintenant convaincre ses collègues députés et présidents de conseils généraux centristes, François Sauvadet en tête. Pas une mince affaire… Mais pour le candidat à la présidence de l’UDI, la réforme territoriale ouvre un débat qui n’est pas près de se refermer. Très décidé, le leader de « Territoires en mouvement » entend placer cette question au cœur de la prochaine campagne présidentielle.
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