Pourquoi avoir voulu rĂ©aliser un baromètre sur l’accès aux soins dans les trois fonctions publiques ?
Nous souhaitions, dans un contexte de crise Ă©conomique et de stagnation du pouvoir d’achat des fonctionnaires, vĂ©rifier si ces tendances avaient conduit Ă un renoncement aux soins, et dans quelles proportions. Nous voulons comprendre et permettre aux mutuelles d’apporter des solutions face Ă des situations humainement intenables. Il nous faut disposer d’Ă©lĂ©ments Ă comparer Ă Ă©chĂ©ance rĂ©gulière.
Vous avez organisĂ© le 13 fĂ©vrier une rencontre sur l’accès aux soins. Quelles solutions se dĂ©gagent ? Quelles sont les conclusions de la table ronde qui Ă©tait consacrĂ©e aux solutions Ă mettre en oeuvre rapidement ?
Jean-BenoĂ®t Dujol, sous-directeur de l’accès aux soins, des prestations familiales et des accidents du travail Ă la Direction de la sĂ©curitĂ© sociale, a bien soulignĂ© que le taux de renoncement de l’accès aux soins est liĂ© en grande partie au haut niveau de dĂ©passements d’honoraires, comme notre baromètre le dĂ©montre aussi.
La couverture complĂ©mentaire n’est plus Ă elle seule la clĂ© de l’accès aux soins. Le baromètre montre que près de 97% des agents rĂ©pondent possĂ©der une mutuelle mais dans le mĂŞme temps, le taux de renoncement est de plus en plus important. Quatre agents sur dix dĂ©clarent avoir renoncĂ© Ă des soins au moins une fois au cours des douze derniers mois.
Les intervenants de la table ronde ont aussi insistĂ© sur le rĂ´le des rĂ©seaux de soins, qui conventionnent avec des professionnels de santĂ©, ce qui permet de diminuer les frais jusqu’Ă 40% parfois.
Le baromètre montre aussi une méconnaissance des agents sur les réseaux de soins. 38% des personnes interrogées déclarent ne pas bien connaître, voire ne pas connaître du tout, les centres de santé mutualistes.
Les rĂ©seaux de soins sont plĂ©biscitĂ©s. 95% des agents rĂ©pondants se dĂ©clarent prĂŞts Ă se rendre dans un rĂ©seau partenaire. Dans le mĂŞme temps, on note un vĂ©ritable manque d’informations. Peu de fonctionnaires savent ce qu’est un rĂ©seau de soins, comment on y accède, etc. Certains services proposĂ©s sont aussi mal connus, comme l’aide Ă la rĂ©alisation de devis de santĂ© notamment.
75% des rĂ©pondants utilisent les rĂ©seaux de soins pour baisser le coĂ»t en optique et en dentaire. La loi qui encadre ces rĂ©seaux a figĂ© un peu trop le cadre, car 80% des personnes interrogĂ©es souhaitent que l’ouverture Ă d’autres professionnels de santĂ© soit possible.
Face aux difficultĂ©s d’accès aux soins, quel rĂ´le peuvent jouer les mutuelles de fonctionnaires ?
Qui va rĂ©guler ? La question doit ĂŞtre posĂ©e. Il existe un vĂ©ritable problème de rĂ©gulation de l’offre de soins. Les complĂ©mentaires doivent ĂŞtre prĂŞtes Ă prendre leur part. Dans une tribune dans Les Echos, Etienne Caniard, prĂ©sident de la MutualitĂ© française, plaide pour que les dĂ©passements d’honoraires soient limitĂ©s Ă un certain niveau dans le cadre des futurs contrats complĂ©mentaire santĂ© responsables et solidaires, qui doivent ĂŞtre revus pour le 1er janvier 2015, selon une disposition de la loi de financement de la sĂ©curitĂ© sociale 2014.
Si on arrive Ă se mettre d’accord sur un niveau minimum, cela incitera peut-ĂŞtre Ă mieux rĂ©guler. Il n’y a pas une solution. Il faudrait selon nous renforcer les rĂ©seaux de soins. Une multiplicitĂ© d’acteurs pourraient rĂ©pondre Ă ce problème de rĂ©gulation. C’est aussi Ă l’Assurance maladie et Ă l’Etat de prendre leur part.
Certains acteurs souhaitent que la participation de l’employeur Ă la complĂ©mentaire santĂ© devienne obligatoire. Y ĂŞtes-vous favorable ?
Il ne faut pas oublier que les employeurs publics sont très divers. La question est plus complexe que ce qu’on pourrait penser, et cette complexitĂ© s’accroĂ®t dans un contexte de contraintes budgĂ©taires. Il ne faut pas oublier les employeurs publics dans le dialogue.
Je considère que rendre obligatoire leur participation n’est pas notre combat. Il faut plutĂ´t se poser la question de savoir si les fonctionnaires doivent rester en dehors d’un système de gĂ©nĂ©ralisation de la couverture complĂ©mentaire collective «santé», votĂ© dans l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 et consacrĂ© dans la loi de sĂ©curisation professionnelle.
Pour la fonction publique, la réforme date de 2007. Il faut lui laisser le temps de porter ses fruits. Le système est lourd à faire progresser.
Des formations sont mises en place pour aider les employeurs à mieux appréhender ces questions. Cela va dans le bon sens.
Thèmes abordés









