Daniel Percheron, président de la région Nord-Pas de Calais l’a mauvaise. Michel Seydoux, président du Losc, vient – avec l’appui de Martine Aubry – de refuser catégoriquement d’accueillir au Stade Pierre Mauroy le RC Lens qui, pendant toute une saison, va devoir quitter son stade en chantier pour cause d’Euro 2016.
Elevé à Lens, Daniel Percheron aurait aimé voir un peu plus de solidarité régionale : « à l’époque où l’on réfléchit à la mise en place d’un RER entre la métropole et le Bassin Minier, il était important de sceller cette union », a t-il déclaré à nos confrères de la Voix du Nord.
Il est d’autant plus furieux que la région a injecté 45 millions d’euros dans le stade lillois. Cette affaire n’est pas seulement une nouvelle pomme de discorde entre Martine Aubry et lui. Daniel Percheron est aussi soucieux car la région pilote elle-même les travaux de Bollaert : sa commission d’appel d’offre se tient le 30 janvier.
Maîtrise d’ouvrage déléguée – En effet, la région ne s’est pas contentée, comme à Lille ou à Valenciennes (où elle a injecté 25 millions d’euros), d’apporter des subventions directes aux travaux, en l’occurrence 25 millions d’euros.
Pour le stade Bollaert, elle est allée beaucoup plus loin pour soutenir ce projet, alors que Gervais Martel avait perdu la présidence, et le contrôle du Racing Club de Lens (1). Elle a emprunté les 11 millions nécessaire au bouclage du tour de table financier : le capital sera remboursé par le club de football, mais les intérêts restent à la charge du conseil régional.
Et, last but not least, le conseil régional assure la maitrise d’ouvrage déléguée de l’opération pour le compte du Racing Club de Lens. C’est la seule solution trouvée fin 2012 pour que la rénovation puisse se faire, in extremis, dans les délais requis pour l’Euro 2016. Pour gagner du temps il faudra même – ce qui est inédit – laisser les ouvriers seuls sur le stade entre mai 2014 et l’été 2015. D’où ce problème de logement des footballeurs lensois.
Manque de parkings dans un stade neuf ? – Michel Seydoux, président du Losc, a indiqué à nos confrères de 20 Minutes que l’accueil du RC Lens était « techniquement impossible » du fait des risques en matière de sécurité (liés à l’antagonisme entre les équipes de supporters) et de transports. Il craint en effet des problèmes d’accessibilité et de parking car les supporters lensois viendraient en voiture (empruntant moins les transports en commun que leurs homologues lillois).
A peine dix huit mois après son inauguration, un stade de 50.000 places calibré pour accueillir des matchs internationaux et de très grands spectacles trébucherait sur 16.179 supporters lensois (moyenne de la saison 2012/2013) ?
Martine Aubry, présidente de Lille Métropole Communauté Urbaine aurait-elle eu un angle mort côté parkings en signant son PPP de 324 millions d’euros avec Eiffage ?
Pourtant, le site internet de la ville de Lille annonce qu’avec « plus de 10 000 places de parking sur site et aux alentours, le Grand Stade Lille Métropole est une référence en matière de stationnement ».
Enfin l’Etat et LMCU, qui ont aussi injecté 34,2 millions d’euros pour construire un accès dédié (un superbe échangeur avec viaduc et bretelles) auraient ils mal conçu leur opération ?
Contestation du montage devant le tribunal administratif – Les travaux du Stade Bollaert ne sont pour le moment qu’une affaire régionale. C’est via la justice qu’ils pourraient prendre une tournure nationale.
Le tribunal administratif de Lille doit en effet statuer sur un recours déposé en février 2013 par l’avocat Manuel Gros représentant un élu d’opposition au conseil général, pour faire annuler une subvention de 10 millions d’euros accordée par le département du Pas de Calais.
Me Gros conteste la légalité de cette subvention, estimant qu’elle constitue une violation de l’article 107 du Traité CE interdisant les aides aux entreprises privées. Au-delà de ce cas particulier du conseil général, c’est bien le financement public des travaux du stade Bollaert, mais aussi des autres stades qui ont bénéficié de la loi Delpierre qui pourrait être remis en cause si le juge administratif jugeait cette subvention illégale.
Le feuilleton Bollaert n’est pas fini !
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Notes
Note 01 Le stade Bollaert appartient à la ville de Lens qui en 2002 a concédé un bail emphytéotique pour 50 ans au Racing Club de Lens Retour au texte