Henri Plagnol dit «non» aux pouvoirs de préemption de l’Etat pour ériger le nouveau métro automatique. Selon certaines esquisses, le nouveau réseau de transports traverserait sa commune. « Les maires vont négocier le pistolet sur la tempe ! Soit ils ne signent pas et ils n’obtiennent rien, soit ils signent et c’est l’Etat qui décidera », s’est-il insurgé lors des débats. Retour sur une opposition qui ne passe pas inaperçue à trois mois du scrutin régional.
Pourquoi avez-vous voté contre ce texte ?
Ce projet de transports de banlieue à banlieue, je n’en conteste pas la pertinence mais le financement qui repose sur une urbanisation et une densification à marche forcée autour des quarante futures gares. Le conseil municipal de Saint-Maur, dans un voeu adopté le 24 septembre – avant même la présentation du texte en conseil des ministres le 7 octobre – a, le premier, alerté de ce danger. Depuis, quelques améliorations ont pu être apportées avec, notamment, les contrats territoriaux. Cependant, nous n’avons toujours ni tracé du réseau, ni définition des périmètres d’intervention de la société du Grand Paris détenue par l’Etat.
Comment, selon votre expression, «mettre un peu de douceur», dans ce projet ?
En ne se trompant pas de modèle. Ne répétons pas les erreurs tragiques des années soixante. L’Ile-de-France ne doit pas devenir Shanghai ou Tokyo. Ce n’est pas de cette manière que nous respecterons l’écologie et notre art de vivre. Saint-Maur, c’est un peu le village d’Astérix qui refuse l’urbanisation forcée des derniers espaces vivables en petite couronne parisienne.
Le clivage entre les collectivités et l’Etat n’est-il pas aussi temporel, en ce sens que vous pensez d’abord au présent et le secrétaire d’Etat développement de la région capitale, Christian Blanc, au plus long terme ?
Ces deux démarches peuvent parfaitement se concilier. Nous ne pouvons pas, comme l’a fait la région, différer certains besoins criants. Le RER A (NDLR : qui dessert Saint-Maur) est la ligne la plus saturée et la plus encombrée d’Europe. Les voyageurs y sont parqués comme dans des wagons à bestiaux.
Le Val-de-Marne vous parait-il bien loti dans ce projet de loi ?
Ainsi que l’a fait remarquer, lors du débat parlementaire, le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale, Gilles Carrez (NDLR : également maire UMP du Perreux-sur-Marne dans le Val-de-Marne), ce texte ne corrige en rien les déséquilibres entre l’est et l’ouest de Paris. Ceci, alors même que 450.000 m2 supplémentaires de bureaux sont prévus à La Défense.
Le métro automatique facilitera les flux migratoires au sein de la métropole. Mais ne convient-il pas de les diminuer, à l’heure du développement durable ? Il faudrait plus d’emplois à l’est et plus de logements sociaux à l’ouest. Or, on fait l’inverse.
Dans ce débat parlementaire, n’avez-vous, en définitive, pas défendu plutôt votre commune que l’intérêt national ?
Nous sommes face à une discussion beaucoup plus territoriale qu’idéologique. Beaucoup de députés se sont, comme moi, exprimés à la lumière de leur fonction de maire. Il est fini le temps où des projets se construisaient contre les collectivités locales. Dans cette affaire, je n’ai subi aucune pression de la part de l’UMP. J’ai simplement fait valoir ma clause de conscience de député.
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