Bientôt du gaz de houille made in France ? L’étude parlementaire sur les gaz de schiste (1) a entraîné les deux rapporteurs Christian Bataille député (SRC, Nord), et Jean-Claude Lenoir, sénateur (UMP, Orne) à s’intéresser aussi aux perspectives d’exploitation du gaz de houille.
« Il semblait intéressant de regarder du coté de ce gaz dont l’exploitation ne nécessite pas de fracturation hydraulique et qui est largement présent dans la région Nord-Pas-de-Calais. Il y est d’ailleurs déjà partiellement exploité via le gaz de mines », résume le député du Nord.
Gaz de mines déjà exploité – Ce gaz de mines, ou « grisou » remonte naturellement à la surface suite à l’exploitation intensive du charbon sur le bassin minier. Depuis la fin des années 80, ce gaz (composé majoritairement de méthane) est récupéré, notamment pour des raisons de sécurité, et renvoyé sur le réseau de gaz naturel.
« 75 millions de m3 sont produits chaque année sur le bassin minier soir l’équivalent de 540 MWh ou la consommation d’une ville de 60 000 habitants. Depuis le début de l’exploitation du « grisou», 15 TWh ont été ainsi récupérés » précise patrice Delattre, délégué général de l’association des communes minières de France (Acom France).
Forage des couches profondes – Son cousin le gaz de houille est lui présent dans les importantes couches de charbon profondes. Pour pouvoir espérer le récupérer il faudra faire des forages à 1500 voire 2500 m de profondeur estime le député. Six dossiers d’explorations ont été déposés par Gazonor (la société qui s’occupe déjà de la gestion du gaz de mines) pour explorer la faisabilité et l’éventuelle rentabilité de ce type de forages.
Si les dossiers répondent aux obligations réglementaires, la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) devrait donner prochainement son feu vert pour deux premiers forages expérimentaux. Les sites d’Avion (62) et de Divion (62), pourraient ainsi êtres explorés dés 2014, avec une exploitation possible en 2016 ou 2017.
« Le gaz de houille présent en Lorraine et dans le bassin minier représente 15 ans de consommation française. De quoi redresser un peu notre déficit commercial. En Lorraine, où les collectivités sont très favorables à cette exploitation, des forages expérimentaux sont déjà réalisés » détaille le député du Nord.
Associer les collectivités à l’exploitation des richesses – « Les membres de l’association des communes minières de France sont très favorables à cette exploitation du gaz de houille se félicite Jean-Pierre Kucheida, président de l’association. D’autant que l’évolution prochaine du code minier offre des perspectives nouvelles pour associer les collectivités à l’exploitation des richesses du sous-sol ».
Emissions de gaz à effet de serre – Tout n’est cependant pas si simple. Pour Jean-François Caron (EELV), maire de Loos-en-Gohelle (Pas de Calais), membre d’Acom France, si l’exploitation des gaz fatals de mines relève de l’évidence, l’exploitation du gaz de houille n’est pas une bonne idée. « Même si la fracturation hydraulique n’est pas utilisée, les forages peuvent avoir des impacts négatifs sur l’environnement. Qui plus est, il s’agit désormais d’investir sur des énergies d’avenir et non sur des énergies fossiles, fortement émettrices de gaz à effet de serre » explique-t-il.
Assurer la transition énergétique – Le maire de Douai (59), Jacques Vernier (UMP) tempère : « Je suis très favorable au développement des énergies renouvelables, mais la transition énergétique vers le solaire, l’éolien ou la biomasse va prendre du temps. Durant cette transition pourquoi ne pas utiliser du gaz produit localement plutôt que de l’importer ? Je poserai une question sur ce sujet lors du débat en cours sur la transition énergétique au conseil régional ».
Débloquer les gaz de schiste – Via le rapport (2) dont une première ébauche sera rendue en juin 2013, Christian Bataille espère pouvoir débloquer la situation des gaz de schiste : « Les socialistes ont fait une bêtise en interdisant la fracturation hydraulique, les techniques ont beaucoup évolué. Encadrer l’exploitation c’est bien, tout interdire c’est absurde ». Jean-Pierre Kucheida, président d’Acom France d’ajouter : « Seule la France et la Bulgarie ont interdit la fracturation hydraulique, c’est un non-sens. Il faut que les recherches se poursuivent ».
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Notes
Note 01 Réalisée pour l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) et intitulé « Les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels » Retour au texte
Note 02 (Réalisée pour l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) et intitulé « Les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels » Retour au texte