Il n’aura pas fallu attendre longtemps en Pays de la Loire pour voir l’une des préconisations du « document d’orientation stratégique » de France Télévisions se concrétiser.
Dévoilée le 31 janvier 2013 par Rémy Pflimlin, le président de France Télévisions, la feuille de route de France 3 évoque des « modalités éventuelles d’intervention des collectivités locales, voire d’acteurs privés présents localement ».
Le lendemain, vendredi 1er février, l’assemblée régionale approuvait une subvention annuelle de 300 000 euros pour les trois prochaines années dans le cadre d’une convention de partenariat qui vise à « développer une offre télévisuelle de service public répondant mieux aux attentes des habitants ».
Mention et logo – L’accord stipule que « la forme et l’écriture des programmes seront diversifiées, laissées à l’initiative de France 3 Pays de la Loire et placées sous le contrôle éditoriale de la chaîne ».
Cette dernière s’engage, « dans le respect de son indépendance éditoriale », à « favoriser l’analyse et la compréhension des enjeux locaux », à « rendre compte de la vie publique du territoire selon une approche pluraliste », à « suivre les manifestations et évènements dans lesquels la région est impliquée », etc.
Les génériques d’ouverture et de fin des émissions comporteront une mention ad hoc ainsi que le logo de la collectivité.
Pour Jacques Auxiette, président socialiste de l’assemblée, « cette convention prolonge la politique régionale audiovisuelle d’accompagnement des télévisions locales, qui existe depuis plusieurs années déjà, afin de mettre en valeur des sujets d’intérêt régional ».
Il s’agit « de cofinancer, en toute transparence, certains programmes régionaux en aidant leur production, comme nous le faisons déjà par ailleurs pour la réalisation de certains suppléments de presse écrite ou la diffusion de programmes radiophoniques », poursuit l’élu.
Peser sur les médias ? – L’opposition ne partage pas cet avis. « Il n’est pas dans les compétences régionales de financer une télévision publique, sauf à penser qu’il s’agit de vouloir peser sur les médias », souligne Danièle Rival pour l’intergroupe UMP-MPF-UDI.
« Nous revient-il vraiment de financer le budget de France 3 alors que le gouvernement demande au président de France Télévisions de réduire ses dépenses ? » interroge François Pinte (UMP).
Le malaise est également sensible à la rédaction, tenue à l’écart des discussions par une direction qui, dans un mail, présente l’accord comme une opportunité pour « élargir le champ des possibles ».
Même s’il n’est pas question pour une majorité de journalistes de rejeter formellement la subvention en ces temps de rigueur.
Mais l’insuffisance de garde-fous vis-à-vis de l’indépendance éditoriale est pointée par la plupart.
Territoire du Premier ministre – Le sujet est d’autant plus sensible qu’il s’agit du territoire du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dont l’actualité est, depuis plusieurs mois, dominée par le projet très contesté d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Un dossier défendu âprement par Jacques Auxiette.
« Il nous sera difficile d’être critiques à l’égard de notre financeur ou encore de proposer un beau documentaire sur la ZAD », estime un reporter.
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