Elus, patrons et syndicats lorrains, pour une fois d’accord, demandent au gouvernement de négocier à Bruxelles des autorisations suffisantes de rejet de dioxyde de carbone (CO2) pour maintenir en activité la sidérurgie dans la région.
Considérant que le plan français d’affection des quotas d’émission de CO2 (PNAQII) déposé par le gouvernement à la Commission européenne mettait en péril des haut-fourneaux à Florange-Hayange (Moselle), des parlementaires, Arcelor-Mittal, numéro un mondial de l’acier, la CFDT et la CGT demandent aux pouvoirs publics de renégocier avec l’exécutif européen les rejets alloués à l’industrie sidérurgique.
Dans le PNAQ couvrant la période 2008-2012, les quotas de la sidérurgie sont réduits de 28,6 millions de tonnes de rejets de CO2 par an actuellement à 23,4.
« On veut asphyxier la sidérurgie française. Dans ces conditions, on arrêtera la filière liquide à Florange au 1er janvier 2008 », a menacé récemment le directeur-général d’Arcelor-Mittal France, Daniel Soury-Lavergne.
Début décembre, le géant de l’acier avait pourtant indiqué qu’il maintiendrait en activité au-delà de 2010 ses deux haut-fourneaux de Florange-Hayange.
Considérant que cette éventuelle fermeture conduirait à supprimer quelque 2.000 emplois, dont 1.100 directs, deux députés, Michel Liebgott (PS, Moselle), président de la commission parlementaire sur la sidérurgie, et Jean-Yves Le Déaut (PS, Meurthe-et-Moselle), président de la mission sur le réchauffement climatique, ont demandé à Jacques Chirac de plaider le dossier à Bruxelles.
Dans une lettre adressée la semaine dernière au président de la République, ils considèrent « inadmissible que l’on demande à un secteur industriel (…) de réduire de 20% ses émissions (de CO2) pour compenser les augmentations dans les secteurs des transports et de l’habitat ».
Pour le président (PS) du conseil régional, Jean-Pierre Masseret, « il faut que la sidérurgie (…) bénéficie d’autorisations de rejet suffisantes pour maintenir son activité ».
Les syndicats, qui ont été reçus le 29 janvier par le préfet de Lorraine Pierre-René Delmas, soulignent que la sidérurgie lorraine a « considérablement » diminué ses rejets de CO2 en investissant dans la recherche et l’innovation.
« Les hauts-fourneaux de Hayange émettent 1,8 tonne de CO2 par tonne de fonte produite. C’est le meilleur ratio européen », souligne la CFDT dans un communiqué.
« Qui aujourd’hui peut produire de l’acier sans dégagement de CO2? Personne! La spécificité de l’industrie sidérurgique doit être prise en compte », estime Marc Barthel, responsable national de la CGT en dénonçant le « chantage à l’emploi » du groupe.
« De plus, Arcelor-Mittal participe au programme européen Ulcos visant à produire de l’acier avec des émissions de CO2 réduites de moitié », ajoute-t-il. « Arcelor-Mittal, qui engrange des bénéfices colossaux (1,7 milliard d’euros au 3ème trimestre 2006, ndlr), pourrait investir une infime partie de ces bénéfices dans ce programme », propose pour sa part Jean-Luc Mazzilli, responsable des Verts de Lorraine.
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