Les grands aéroports régionaux français s’apprêtent à vivre un changement déterminant à partir de cette année, en devenant des sociétés anonymes dont le capital sera progressivement ouvert aux investisseurs privés, qui pourront devenir majoritaires à partir de 2013.
Douze plateformes, qui accueillent un million et plus de passagers par an ou possèdent un intérêt national et international, sont concernées par cette petite révolution : Strasbourg, Lyon, Nice, Marseille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes, et, Outre-Mer, Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, Cayenne et Saint-Denis de la Réunion.
Les aéroports de Lyon Saint-Exupéry et Toulouse-Blagnac, en mars, puis Bordeaux-Mérignac début avril, seront les premières à changer de statut. Nice-Côte d’Azur devrait suivre au deuxième semestre.
Jusqu’à présent, la gestion de ces plate-formes de province et d’Outre-Mer était déléguée par l’Etat aux chambres de commerce et d’industrie (CCI) locales.
Or, la loi du 20 avril 2005, qui autorisait l’ouverture de capital d’Aéroports de Paris (ADP), a également ouvert la voie à la transformation des aéroports régionaux en sociétés anonymes à part entière, chargées de la gestion des plateformes.
Dans ce schéma, leur capital sera constitué initialement de l’Etat (60%), des chambres de commerce et d’industrie (25%), qui apporteront à la société anonyme la concession d’exploitation de l’aéroport, et des collectivités locales (15%).
L’Etat s’est engagé à ce que le capital de ces sociétés reste majoritairement public jusqu’en 2013. Mais il pourra décider de céder jusqu’à 49,9% au secteur privé avant cette date.
Plusieurs investisseurs français et étrangers lorgnent déjà sur cette nouvelle opportunité d’investissement dans la concession aéroportuaire, un secteur à fort potentiel de développement dont certains, comme l’australien Macquarie ou l’espagnol Abertis, ont fait un pilier de leur activité.
Du côté de l’Etat, on met en avant « le gain d’autonomie et de flexibilité financière » dont vont bénéficier les aéroports concernés.
« Auparavant, le régime était contraignant en matière d’investissements. Dans le nouveau cahier des charges, ces sociétés vont pouvoir faire appel à des fonds soit par l’emprunt soit par des augmentations de capital, ce qui va permettre un développement plus ambitieux pour un meilleur service aux usagers », fait valoir une source proche du dossier.
Certains acteurs locaux affichent toutefois leur scepticisme. La ville de Blagnac, où se trouve l’aéroport de Toulouse, craint notamment « une prise du capital par des fonds de pensions étrangers, voire hostiles ». Elle « propose que la part accordée aux collectivités locales soit supérieure aux 15% actuellement proposés et de permettre une participation de la ville de Blagnac, sinon une minorité de blocage ».
Lire aussi la Gazette du 26 février p. 14
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