Le chauffage collectif au bois est devenu une mode dans les Alpes et les forestiers de la région, très sollicités en raison de la multiplication des projets, ont du mal à garantir un approvisionnement régulier même si la forêt y est abondante.
Le projet le plus ambitieux se situe à Grenoble, ville qui possède le plus gros réseau de chaleur utilisant en partie du bois. La compagnie de chauffage urbain veut faire passer la part de la chaleur venant du bois de 6% à 12% d’ici fin 2007, ce qui va se traduire par un doublement de la consommation de bois, de 20.000 tonnes à 40.000 tonnes annuelles.
Le bois utilisé à Grenoble provient en majorité de bois de récupération (palettes, meubles…) déchiqueté et assemblé en plaquettes. Les forestiers devraient s’engager à fournir 10.000 tonnes.
Chambéry vient d’annoncer l’installation de deux chaufferies au bois consommant environ 4.500 tonnes annuelles. La ville de Gap projette elle de chauffer 10.000 m2 de ses services techniques au bois.
Fin janvier, l’Etat et les communes forestières ont signé un accord pour doubler – de 1.000 à 2.000 – le nombre de chaufferies rurales utilisant le bois d’ici 2012. Ces nouvelles chaudières consommeront 250.000 tonnes par an.
La France possède la plus grande forêt d’Europe mais elle est morcelée entre de multiples propriétaires et difficilement accessible en montagne ce qui complique son exploitation, note l’association Créabois, qui regroupe les professionnels du bois en Isère. Ces difficultés rendent impossible un projet de développement de la société canadienne Cascades, qui emploie 370 salariés à La Rochette (Savoie) pour la fabrication de carton.
La firme souhaitait, par le biais de sa filiale Boralex, investir 55 millions d’euros dans une chaufferie à bois afin d’augmenter sa production. Mais elle avait besoin que la Savoie et l’Isère lui garantissent un approvisionnement annuel sur plus de 10 ans de 80.000 tonnes de plaquettes forestières (branches et pointes des arbres broyées, séchées et compactées).
« En mobilisant les ressources des deux départements, on n’arrive pas à garantir plus de 60.000 à 70.000 tonnes », souligne le président délégué de la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR), Jean-Claude Monin.
« Pour le moment, on fabrique peu de plaquettes en France. On est au début d’un processus qui durera plusieurs années car il faut pratiquement créer une filière de bois énergie. Lorsqu’on voit le ministère de l’Industrie lancer des appels d’offre pour de la cogénération au bois, on se dit qu’il met la charrue avant les boeufs », affirme Jean-Claude Monin.
« Si la France veut arriver à consommer 20% d’énergie renouvelable, ce n’est pas avec de l’éolien qu’elle y arrivera, mais avec de la biomasse », ajoute-t-il.
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