« Notre action concernant les Roms en Roumanie s’inscrit dans la philosophie du Grand Lyon visant à reconstruire un discours public à côté des différents discours humanitaires sur les expulsions de squats de Roms qui ne mènent à rien » estime Olivier Brachet, vice-président à la politique de l’habitat et au logement social au Grand Lyon.
Pour l’élu, également fondateur et ex-directeur de Forum Réfugiés, il s’agit de démontrer que « la solution au problème Roms n’est pas en France mais en Roumanie. Venir ici, c’est un voyage douloureux pour eux ». Un message qu’il a lancé depuis ses multiples voyages dans les villages Roms dans les années quatre-vingt-dix et qui, depuis un an, est devenu réalité grâce au Grand Lyon. Il est en passe d’être relayé au niveau national avec les déclarations du président de la République, François Hollande, et la visite récente en Roumanie des ministres Manuel Valls et Bernard Cazeneuve appelant à des politiques d’insertion de la minorité rom.
Action qui concerne 500 personnes – Le Grand Lyon intervient ainsi en Roumanie sur la commune de Tinca comptant 8000 habitants, dont environ 2000 Roms, d’où sont originaires la moitié des quelque 1200 Roms présents sur le territoire du Grand Lyon.
L’accord entre les collectivités française et roumaines porte sur la mise à disposition d’un terrain/viabilisation par la ville de Tinca et le conseil général de Bihor, tandis que le Grand Lyon finance (pour 315 000 euros sur trois ans) un programme coordonné sur place par l’association Villes en Transition qui bénéficie déjà à une soixantaine de familles :
- des opérations d’amélioration de l’habitat avec le raccordement des réseaux électrique et sanitaire,
- la construction de bains publics,
- d’une crèche
- et d’un local d’accompagnement périscolaire,
« Nous sommes engagés sur une action à long terme qui concerne cinq cents personnes pour qu’elles soient mieux intégrées dans leur pays » précise Hubert Julien-Laferrière, vice-président chargé de la coopération décentralisée.
23 milliards d’euros prévus pour les Roms – Les élus lyonnais entendent faire la preuve que des perspectives nouvelles s’ouvrent aux Roms dans leur pays, autres que les expulsions et villages d’insertion, tout en contestant « l’image fausse d’une exode de Roms. Il n’y a pas eu de départs contraints ». Ils rappellent que les départs volontaires de Roms cet été à Lyon, dont 240 personnes en août, ont été organisés dans le cadre de l’Aide humanitaire incluant 300 euros par personnes et 100 euros par enfant. « Avec les conditions d’accueil et d’hébergement qui se mettent en place en Roumanie, leur situation à l’avenir sera plus confortable là-bas qu’en France » estiment les élus qui ont conscience que d’autres initiatives doivent conforter les programmes de coopération en cours.
Olivier Brachet appelle notamment l’Europe « à consommer les 23 milliards d’euros prévus pour les Roms et qui ne sont pas dépensés ». L’élu fondateur de Forum Réfugiés milite pour une solution à trois volets permettant « de partager les efforts »: le retour des Roms en Roumanie, le droit commun de la libre circulation, et l’intégration des Roms par le travail et le logement, « un triptyque à long terme qui n’est pas assez porté au niveau national ».
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