Intitulée « Ta carrière est fi-nie », cette suite de 299 pages reprend les mêmes ressorts : une jeune administratrice tente de faire correctement son travail au milieu de territoriaux plus veules et incompétents les uns que les autres, à deux exceptions près, et d’élus aveuglés par leur propre intérêt.
Si les services de la région Aquitaine n’ont pas souhaité réagir, l’auteure, elle, accepte bien volontiers de parler de son second livre, mais aussi de son désir d’« évoluer ».
« Je serais intéressée par l’évaluation des politiques publiques », indique celle qui aurait pu intégrer une chambre régionale des comptes, si ses écrits n’avaient pas défrayé la chronique dès la sortie du premier livre, en mars 2010.
Auteure d’un blog, qui lui a permis d’être repérée par l’éditeur, Aurélie Boullet ne se cache plus derrière le pseudonyme de Zoé Shepard pour dénoncer « la paresse, le népotisme, le gaspillage des deniers publics et le mépris des encadrants à l’égard des catégories B et C […]. Des pratiques intolérables, qui ont lieu dans de nombreuses collectivités, vu ce que j’ai constaté mais surtout vu ce que j’ai lu et entendu », affirme la jeune femme.
L’idée de changer le système chemine – Toujours en poste au conseil régional d’Aquitaine, qu’elle a réintégré en janvier 2011, avec un poste taillé sur mesure pour éviter la surchauffe avec certains de ses collègues heurtés par ses écrits, cette jeune administratrice estime « faire [son] possible, à [son] échelle pour que cela change ». « D’abord par mon poste actuel, qui consiste à trouver des financements pour les projets de la région, donc à lutter contre le gaspillage. Mais aussi par mon engagement auprès de la CGT, auprès de qui je suis toujours syndiquée », développe la trentenaire, avant d’ajouter : « Quand j’entends Didier Migaud (ndlr : Premier président de la Cour des comptes) expliquer que la croissance des dépenses des collectivités est incompatible avec une sortie de crise, je me dis que l’idée de changer ce système chemine ».
Pourtant, les travers dénoncés dans le livre sont connus de tous. Et on les retrouve aussi bien dans la sphère publique que dans les entreprises de droit privé.
Extraits :
- « Notre DRH réalise sans doute qu’après huit années d’études passées à rêver de servir l’intérêt général, se retrouver dans un no work’s land ponctué de réunions stériles est tout simplement invivable »
- « Le DGS a profité du creux de l’été pour revaloriser le régime indemnitaire des cadres supérieurs : ils vont toucher 600 euros de plus par mois […]. L’administration propose une revalorisation des primes des catégories C de 12 euros bruts […]. Le raisonnement de notre DGS m’apparaît pourtant logique […]. D’un coté, une armée de directeurs, tous reliés à l’arbre généalogique du Don (ndlr : le maire de la collectivité), et capables de lui renvoyer l’ascenseur. De l’autre, une masse anonyme de salariés peu informés et sans relations »
- « Nous allons être les chefs de files des Assises de la coopération décentralisée. […] Mais aucune de nos coopérations n’est axée sur le développement durable ! »
- « Il faudra parler du choc des cultures entre des agents qui voudraient parfois faire quelque chose de concret et des élus qui ne rêvent que de bâtir de vastes usines à gaz d’où rien ne sort jamais »
- « Une subvention est une allocation sans contrepartie. Si nous leur demandons de travailler pour nous, il faut passer un marché public ». Réponse de ses responsables : « Trop long, trop compliqué […] Tes codes, tes seuils, tes critères, je m’en cogne »
Recours pour excès de pouvoir – A l’issue d’un conseil de discipline, en juillet 2010, Aurélie Boullet a écopé d’une sanction de 10 mois de suspension, dont quatre mois ferme, notamment pour manquement au devoir de réserve.
Cette dernière a déposé en septembre 2010 un recours pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif de Bordeaux, qui n’a toujours pas tranché.
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés
Régions