Les Bretons ont donné l’image d’une région studieuse et consensuelle lors de l’étape régionale du Grenelle de l’environnement, qui se tenait à Brest le 16 octobre, en présence de près d’un millier de participants. La qualité des débats et des travaux en ateliers a d’ailleurs été soulignée par de nombreux acteurs de tous bords. Peut-être faut-il y voir la marque d’une réelle tradition de concertation, développée notamment dans le cadre du conseil économique et social régional et des conseils de développement des 21 pays qui couvrent l’intégralité du territoire régional.
Sans surprise, la question des pesticides et des produits phytosanitaires a été largement évoquée, l’association Eaux et Rivières réclamant une «taxation dissuasive sur ces produits», tandis que les apiculteurs, qui avaient installé des ruches à l’entrée du parc des expositions, ont demandé l’interdiction totale des insecticides systémiques et un moratoire sur les OGM. Afin d’aller plus loin, l’idée d’organiser un «Grenelle breton sur l’agriculture et la biodiversité» a été lancée.
Compte tenu du contexte national et de la sanction européenne dans l’affaire des nitrates, beaucoup s’attendaient à ce que la question de l’eau soit au centre des débats. Paradoxe : ce sujet sensible en Bretagne a été soigneusement encadré, loin de toute polémique, même si la demande d’une expérimentation dans le domaine de l’eau, voire d’une décentralisation complète au profit de la région a été réaffirmée à plusieurs reprises, malgré la fin de non-recevoir adressée par l’Etat à cette demande en 2005.
La mer absente
Autre spécificité régionale insuffisamment prise en compte : la question maritime. «La mer aurait mérité un meilleur traitement et je regrette l’absence du volet maritime au sein du Grenelle, au moment où l’Union européenne doit adopter le livre bleu sur la nouvelle politique maritime intégrée», a souligné le président du conseil régional Jean-Yves Le Drian. La région souhaite faire de la Bretagne une référence à l’échelle régionale dans le domaine des énergies marines, avec l’installation d’un centre de recherches, d’études et d’essais spécialisés sur ces questions.
Globalement, l’heure est au pragmatisme en Bretagne : Lors de la restitution des travaux en ateliers, plusieurs rapporteurs ont insisté sur la nécessité de bien utiliser les lois existantes, plutôt que de créer de nouvelles réglementations ou taxations. A cet égard, la proposition d’une écotaxe sur les poids lourds a suscité des réactions négatives dans cette région périphérique qui redoute de voir sa compétitivité freinée par ce type de mesure. Concernant la question foncière, la demande de création d’un établissement public foncier régional par l’Etat est plus que jamais d’actualité : la procédure, qui a pris du retard après la consultation des collectivités bretonnes, attend toujours le feu vert du conseil d’Etat.
En dépit de ses insuffisances, ce Grenelle régional a finalement prouvé l’intérêt des Bretons pour les questions environnementales, certains réclamant d’ailleurs une professionnalisation accrue des acteurs du développement durable pour mieux peser dans le débat public.
Environnement
Bretagne. Grenelle de l’Environnement : un débat plus consensuel que prévu
Publié le 17/10/2007 • dans : Régions
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