L’Observatoire national de la délinquance (OND) a relancé la polémique sur les statistiques officielles, souvent contestées, de la délinquance, en rendant publique le 12 novembre une enquête qui donne la parole aux victimes.
Son président, Alain Bauer, a en effet opposé les faits, mis en évidence par l’OND qui reflète le « vécu », à un outil statistique officiel, régi, selon lui, par une « logique partielle voire partiale ».
L’OND a indiqué que, selon une « étude de victimation », près de 2 millions de personnes, soit 5,6% de la population française de plus de 18 ans, affirment avoir été agressées physiquement ou sexuellement en 2005-2006, dont presque la moitié dans le cercle familial.
Selon Alain Bauer, cela « démontre qu’il y a autant de violence à l’intérieur qu’à l’extérieur de la famille, c’est un élément nouveau dont on avait une très faible connaissance ».
4,7% des personnes interrogées ont déclaré « avoir subi au moins un acte de violence physique » et 1,3% « au moins un acte de violence sexuelle hors ou au sein du ménage ».
4,6% des hommes et 4,8% des femmes ont été victimes d’actes de violence physique. 0,7% des hommes et 2% des femmes ont déclaré avoir subi un acte de violence sexuelle.
En matière d’agression physique ou sexuelle, le taux des personnes ayant déposé plainte est faible: 28,8% l’ont fait pour violence physique et 8,4% pour violence sexuelle hors-ménage. Il est encore moins nombreux au sein du foyer (8,8% et 5,5%).
Les femmes victimes de violences dans le ménage et qui se taisent font valoir leur souci de « trouver une autre solution » (82,7%), le sentiment que « cela n’aurait servi à rien » (57,4%) ou que « ce n’était pas grave » (56,9%).
Pourtant, « près de 53% des femmes victimes de violences dans le ménage ont déclaré » aux enquêteurs de l’OND « avoir subi des dommages psychologiques plutôt importants voire importants ».
S’agissant des atteintes aux biens, autre point noir de la délinquance, qui englobent les personnes de plus de 14 ans pour la seule année 2006, l’estimation de l’OND recense 4.876.000 vols ou tentatives de vols: 36,8% ont fait l’objet d’une plainte.
Une baisse « significative » des vols « liés à la voiture » est relevée par l’OND en 2006 par rapport à 2005 (-6,1%). Les cambriolages de la résidence principale « restent stables » avec 70% de plaintes et 40% pour des tentatives.
En 2006 toujours, écrit l’OND, « 481.000 vols avec violences ou menaces » ont été perpétrés. « Environ un vol ou tentative » à la personne « sur trois fait l’objet d’une plainte ».
Pour réaliser cette enquête, 17.500 personnes, proposées par l’Insee comme représentatives de la population française sur tout le territoire, ont été interrogées afin de savoir si elles avaient été victimes d’un acte de délinquance durant ces années.
En présentant les résultats le 12 novembre, Alain Bauer a insisté sur « la nécessité de cette enquête qui permet de comparer le réel vécu » par les victimes au « réel connu », c’est-à-dire les chiffres bruts et officiels de la délinquance régulièrement communiqués par le ministère de l’Intérieur à partir de l’état 4001.
L’état 4001 est depuis des années l’outil statistique des forces de l’ordre pour comptabiliser les crimes et délits en France.
Alain Bauer s’en est pris à cet outil, en présentant l’enquête de l’Observatoire. Il a estimé que le « 4001 » répond à une « logique partielle, voire partiale » de la délinquance et a fustigé la « chasse aux chiffres magiques ».
Un vol, a-t-il ainsi dit à titre d’exemple, est comptabilisé par le « 4001 » mais il peut y avoir plusieurs victimes « qui ne sont pas prises en compte » pour ne pas gonfler les statistiques.
Il n’intègre pas, en outre, les contraventions ou les dépôts de main courante (sans plainte) dans les commissariats, qui sont des indicateurs de délinquance, selon lui.
Il a ainsi vivement recommandé de ne plus prendre en compte, dans les statistiques officielles, la délinquance de voie publique (vols à la tire, cambriolages) en baisse depuis
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