Alors que Malte et Chypre ont intégré la zone euro le 1er janvier 2008 et que la monnaie unique n’a jamais été aussi forte face au dollar, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, plaide pour la mise en place d’une «diplomatie de l’euro» et confirme la volonté de la France de pousser ce dossier sous sa présidence de l’UE, au second semestre 2008.
En bref :
Depuis le 1er janvier 2008, la zone euro compte deux membres supplémentaires. Malte et Chypre sont devenus les 14e et 15e Etats à disposer de la monnaie unique. L’adoption de l’euro a été «possible grâce à des politiques visant à garantir la stabilité économique», a indiqué le commissaire aux Affaires économiques et monétaire, Joaquim Almunia, qui a appelé Chypre et Malte à « rester sur le bon chemin » et à « poursuivre ces politiques ».
Si l’adoption de la monnaie unique semble s’être bien passée dans ces deux pays, l’euro fait aujourd’hui l’objet de très nombreuses critiques, notamment en France, où il est accusé d’être à l’origine de la hausse des prix et de la diminution du pouvoir d’achat des Français.
Depuis son élection, Nicolas Sarkozy dénonce en outre les méfaits de l’euro fort, qui pèserait sur les exportations et constituerait un frein à la croissance.
S’exprimant dans une tribune publiée par le journal Le Monde, le 2 janvier, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, indique toutefois que «cette appréciation de l’euro n’a pas que des effets négatifs». Contrairement au discours habituel du président de la République, Jean-Pierre Jouyet estime que la monnaie unique « protège significativement le pouvoir d’achat des Européens face à la montée des prix des matières premières, en particulier du pétrole, et renforce ce pouvoir d’achat à l’extérieur ».
« De même qu’il y a une diplomatie du dollar, il doit y avoir une diplomatie de l’euro », estime Jean-Pierre Jouyet, ajoutant que celle-ci doit être « dôtée d’instruments décisionnels efficaces ».
Si les propos du ministre sur les méfaits de l’euro fort diffèrent du discours présidentiel habituel, ses déclarations sur la nécessité de mettre en place une stratégie économique autour de l’euro rejoignent celles de Nicolas Sarkozy.
Conscient de l’inutilité de lutter contre l’indépendance de la Banque centrale européenne, certains Etats membres comme l’Allemagne et les Pays-Bas y étant fermement attachés, le président français plaide en effet depuis son élection pour la mise en place d’une véritable politique économique au niveau européen afin de stimuler la croissance.
«La zone euro doit davantage prendre conscience du fait que son poids économique considérable lui permet de peser, si elle s’en donne les moyens, sur les grands équilibres mondiaux, au même titre que les Etats-Unis, le Japon ou la Chine», a ajouté Jean-Pierre Jouyet.
Il rappelle que «l’horizon de notre politique économique n’est plus le même». «Nous devons changer d’échelle. Ce message politique, peu entendu aujourd’hui à Bruxelles, devra être porté par la France à l’occasion des 10 ans de l’euro», c’est-à-dire le 1er janvier 2009, lorsque la République tchèque succèdera à la France à la tête de l’UE.
Tandis que les Français s’interrogent sur les moyens de tirer partie de l’euro fort, des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, notamment le Venezuela, l’Equateur ou encore l’Iran, se sont prononcés en faveur de l’adoption de l’euro comme monnaie de référence, à la place du dollar.
Fin 2007, la monnaie unique s’appréciait à 1,4585 dollars pour un euro. Depuis sa création en 1999, la monnaie européenne a pris 76% en valeur.
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