Les déchets ne sont ni de droite ni de gauche, selon un dicton du secteur. En cette fin de campagne, le sujet semble toutefois plus inspirer les candidats de gauche, les seuls à avoir répondu aux sollicitations de la toute jeune Coordination nationale contre l’incinération des déchets ménagers. La structure, qui regroupe quelque 500 associations locales soutenues par le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), rendait compte, le 6 avril à Paris, des positions des candidats, avant tout interpellés sur le bannissement de l’incinération.
Eva Joly est gratifiée d’un 10/10 par Jean-Michel Duclos, représentant d’un collectif de Clermont-Ferrand, globalement bienveillant dans ses appréciations. La candidate d’Europe Ecologie les Verts défend « un plan de fermeture progressive des incinérateurs, à mesure de la montée en puissance des filières alternatives » et « un moratoire » sur la construction d’unités et l’extension des sites existants.
Comment s’en passer ? – Curieusement, le représentant du Nouveau parti anticapitaliste obtient un 9/10 bien qu’il n’envisage pas la fin de la combustion des déchets à proche échéance : en effet, Philippe Poutou accepte « le fait qu’actuellement, on ne peut se passer » ni d’incinérateurs, ni de décharges. « Cela prouve bien que c’est au niveau de la production que nos efforts doivent se concentrer, afin de limiter au maximum, voire éliminer, les objets fabriqués à partir de matériaux non recyclables. » Soulignant que l’humanité est probablement confrontée à la plus grave crise environnementale de son histoire, le candidat estime qu’ « il n’est pas acceptable de faire partir en fumée des ressources naturelles non renouvelables, ressources dont, pour certaines, nous allons manquer d’ici à quelques dizaines d’années.
Le candidat du Front de gauche, crédité d’une note de 7/10, envisage de légiférer « afin d’interdire l’incinération des déchets organiques et » et propose un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs ».
Obsolescence programmée – Deux candidats ne dépasse pas la moyenne, selon le représentant des associations du Puy-de-Dôme : Nathalie Arthaud et François Hollande. La candidate de Lutte ouvrière a le mérite de la franchise : « n’étant pas une spécialiste », elle se garde d’écarter l’incinération, se demandant si l’on pourra en sortir et si tous les déchets sont recyclables. Le prétendant socialiste ne répond pas à la question précise de l’incinération. Toutefois, l’engagement de « lutte contre l’obsolescence programmée des produits » (via l’allongement des durées de garanties) vaut les applaudissements du Cniid. « Il y a cinq ans, il aurait été inespéré de voir abordé un tel sujet », observe son directeur, Sébastien Lapeyre.
Référence immanquable dans la campagne : l’Allemagne, où 64 % des déchets municipaux sont recyclés. Si la France, où la performance se situe aux environs de 35 %, égalait sa voisine, « on pourrait fermer la moitié des incinérateurs et des centres de stockage », souligne Sébastien Lapeyre.
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Energie, transport, environnement : le nucléaire monopolise le débat
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- Energie, transport, environnement : le nucléaire monopolise le débat
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