Triste anniversaire des trente ans de la décentralisation qui est passé presque inaperçu. Bien sûr, la tourmente d’une actualité internationale violente ou d’une crise financière omniprésente laisse peu de place à la visibilité d’une telle commémoration. Bien sûr également – on peut le lire fréquemment dans ces colonnes – le procès fait depuis quelques années aux collectivités, à leurs élus et aux agents n’est pas sans conséquence sur la perception de l’action décentralisée. Pourtant l’explication est peut-être moins conjoncturelle qu’il n’y parait et tient plus fondamentalement à deux facteurs.
Vision administrative – D’une part, la décentralisation a perdu toute ambition politique pour ne se résumer qu’à sa dimension administrative et financière.
En gros, la sphère locale, objet administratif compliqué et composite, gère des compétences peu lisibles financièrement, coûteuses et mal compensées par l’Etat.
A l’inverse de toute réalité de terrain, qui, jour après jour, nous montre à quel point le territoire est le niveau pertinent d’analyse et de résolution des problèmes sociétaux (logement, compétitivité des entreprises, développement durable…), l’approche territoriale comme enrichissement de l’analyse nationale demeure encore très limitée.
Pire encore, si tant est que le niveau territorial soit reconnu comme facteur de mobilisation des acteurs, de dynamique de croissance et de lien social, ce rôle bénéfique n’est pas immédiatement associé à la décentralisation elle-même. D’autre part, la décentralisation, limitée à ces dimensions réduites, a emporté dans son rétrécissement le service public, lui-même attaqué régulièrement au niveau national et plus encore fustigé au niveau local.
Incarné par des agents territoriaux toujours plus nombreux suite à la création de multiples actions nouvelles sans qu’une régulation quelconque (de type RGPP) ne vienne ralentir son inexorable ascension quantitative.
Ce double constat n’est pas sans incidence sur le rôle déterminant que doivent occuper, dans un proche avenir, les territoires dans la dynamique de développement que notre pays doit connaître pour sortir de son marasme. Il n’est pas neutre également dans l’indispensable mobilisation des équipes – qui de plus en plus se perçoivent davantage comme une charge et non comme une ressource – autour d’un service public local offensif.
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