Largement pratiquée dans les pays nordiques, la conférence de consensus est encore peu répandue en France. La Ville de Lille a expérimenté cette méthode de concertation en rassemblant un jury d’une trentaine de citoyens n’ayant pas de compétences en matière de logement sur le thème : « la question du logement doit-elle être gérée par un service public ou être centrée sur le traitement de l’exclusion? ».
La ville de Lille a fait appel aux instances de concertation locales. Le conseil communal de concertation, les conseils de quartier, le conseil lillois de la jeunesse, le conseil lillois des aînés et le conseil des résidents étrangers lillois ont élu ou désigné leurs représentants. Le jury ainsi constitué a ensuite travaillé pendant plusieurs mois. Après avoir suivi une journée de formation et auditionné des experts et témoins lors de quatre tables rondes, le groupe a débattu au cours de huit réunions de travail. Des heures d’échanges qui ont permis de trouver un consensus et de rédiger un avis sur la question.
Vers un service public local du logement – Le jury a rendu un avis très ambitieux lors d’une soirée rassemblant près de 150 personnes, parmi lesquels des experts du logement de tous bords : Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice et présidente de la Fédération des coopératives HLM ; Patrick Doutreligne, délégué générale de la Fondation Abbé Pierre ou encore Jean-Baptiste Eyraud, président de Droit au logement. Les participants ont tranché en faveur d’un service public local, qui réponde aux besoins de tous et qui traiterait le droit au logement et la lutte contre les exclusions comme un droit universel.
Ils proposent la création d’un « guichet unique », qui rassemblerait les offres publiques et privées, afin de faciliter l’accès au logement et d’améliorer la transparence d’attribution des biens. Les participants plaident également pour la création d’une autorité de régulation locale, qui pourrait notamment plafonner les loyers. Autant d’idées qui doivent désormais être étudiées par la Ville de Lille, qui se donne six mois pour revenir vers le jury.
Qualité de la participation – « Nous avons été impressionnés par la qualité de l’avis rendu. Nous allons maintenant faire le travail qui s’impose auprès des partenaires locaux, nationaux et européens pour voir comment mettre en oeuvre ces propositions. Cette réflexion va également enrichir nos travaux sur le plan local de l’habitat, que nous sommes en train de finaliser », indique Audrey Linkenheld, adjointe au maire chargée du logement. Une expérience convaincante pour l’élue qui précise que l’expérience sera sûrement renouvelée au niveau de la communauté urbaine dans d’autres domaines.
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