La crise des finances publiques est un fait. À l’instar de toutes les politiques publiques, la communication publique peut et doit participer à l’effort de redressement des comptes de la nation. Elle le fait par ailleurs déjà, notamment dans les collectivités territoriales, qui ont, pour beaucoup d’entre elles déjà, été amenées à réduire leurs budgets de communication.
Cependant, l’annonce d’un moratoire sur les dépenses de communication de l’État en 2025, et d’une baisse de 20 % des budgets en 2026, a suscité inquiétude et incompréhension. Car c’est une fonction démocratique essentielle qui est en jeu.
Dans un pays traversé par une crise de confiance inédite, la réconciliation entre citoyens et institutions est une attente puissante : 88 % des Français considèrent que c’est un enjeu important et 41 % le qualifient même de prioritaire (1). Ces chiffres disent tout : à l’heure des fractures sociales, de la désinformation et de la défiance, la parole publique n’a jamais été aussi nécessaire. Comme l’a rappelé Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, lors des Entretiens de l’association Communication publique, réconcilier, c’est reconnaître à chacun une place dans la recherche des solutions. C’est redonner du pouvoir d’agir aux citoyens. La communication publique porte cette responsabilité : écouter, faire circuler la parole, favoriser la délibération, éclairer les choix collectifs.
L’ancien conseiller d’État, Pierre Zémor, fondateur de Communication publique, le soulignait déjà il y a trente-cinq ans : « En période de contrainte budgétaire, l’obligation d’expliquer et de rendre des comptes s’accroît. » Cette exigence résonne aujourd’hui plus que jamais. Informer avec rigueur, promouvoir les services publics, lutter contre le non-recours, faciliter le déploiement des politiques publiques… sont autant de leviers indispensables pour restaurer la confiance civique. À ce titre, réduire la communication publique à une simple variable d’ajustement budgétaire serait une erreur de perspective.
Oui, une revue des dépenses est pertinente. Mais uniquement si elle est conduite avec transparence, en se fondant sur des données consolidées et d’évaluations rigoureuses de la performance. Avec, surtout, un objectif clarifié et assumé : rationaliser ce qui peut l’être, identifier les déséquilibres et corriger les angles morts. Cet examen gagnerait à s’accompagner d’une généralisation de la mesure d’impact des campagnes de communication, poursuivant la démarche engagée par le service d’information du gouvernement.
L’association Communication publique contribuera, comme elle l’a toujours fait, à la réflexion, dans un esprit de responsabilité et de vérité, tout en réaffirmant une conviction forte : la communication n’est pas un luxe, mais un investissement.
C’est à ce prix que nous pourrons, ensemble, nourrir un imaginaire collectif, ciment indispensable d’un service public exemplaire et d’une démocratie vivante.
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