Au printemps, notre réseau RELIEF, qui fédère plus de 60 manifestations littéraires, publiait sur son site une tribune intitulée « Alerte rouge sur les manifestations littéraires », cosignée par la Fédération des salons et fêtes du livre de jeunesse (23 festivals) et le Club 99, fédération des festivals BD et arts associés (21 festivals). Nous tirions publiquement la sonnette d’alarme. Alors que les financements nationaux stagnent, les charges ne cessent d’augmenter : rémunération des auteurs, transports, hébergements, restauration, frais techniques ou de sécurité.
Résultat : même les événements les plus reconnus sont fragilisés, contraints de multiplier les recherches de financements, de réduire leur programmation, voire disparaître.
Dans ce contexte, le rôle des collectivités territoriales est décisif. Soutenir un festival littéraire, ce n’est pas seulement financer une manifestation culturelle.
Nos rendez-vous irriguent bien au-delà de l’événement et fédèrent durablement établissements scolaires, bibliothèques, associations, librairies, structures sanitaires et sociales, et équipements culturels. Outils de coopération interprofessionnelle, le festival permet à ces acteurs (publics et privés), qui le reste de l’année travaillent séparément, de mettre en commun leurs compétences au service d’objectifs partagés : démocratiser l’accès à la lecture, favoriser la rencontre avec les auteurs, enrichir la pensée par l’échange et le débat.
Nos manifestations soutiennent aussi la création : résidences d’écriture, commandes de textes, croisements avec le théâtre, la musique ou les arts visuels. Elles ne se contentent pas de diffuser la culture, elles la font naître et lui offrent un espace de renouvellement.
Mais leur impact dépasse la sphère culturelle : chaque festival génère des retombées économiques directes. Le secteur du tourisme (hôtels, restaurants) et les commerces profitent de la fréquentation, les librairies augmentent considérablement leurs ventes, des emplois se créent : personnel d’accueil, prestataires, métiers du spectacle vivant, le plus souvent en circuit court. Soutenir les festivals littéraires ne peut pas être considéré comme une dépense accessoire.
Les collectivités, par leur proximité et leur connaissance des besoins locaux, sont les mieux placées pour en garantir la pérennité. En les soutenant financièrement, elles affirment une vision : celle d’un territoire qui croit à la puissance de la culture pour renforcer son attractivité et son dynamisme et contribuer à l’épanouissement de ses habitants.
Tandis que les prévisions sur les dotations de l’État aux collectivités sont pessimistes et à l’approche des élections municipales, cette responsabilité prend une acuité particulière. Il s’agit d’un enjeu de territoire essentiel.
Car un festival littéraire n’est pas une charge : c’est une chance. Une chance pour les habitants, pour les acteurs culturels, pour les commerçants, pour l’emploi et pour l’image de toute une collectivité. L’oublier serait prendre le risque de voir s’éteindre des foyers de créativité et de citoyenneté dont nos territoires ont plus que jamais besoin.
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