C’est sous un soleil de plomb que Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a officiellement lancé, le 1er juillet, les travaux de solarisation de la base sous-marine. « Un bâtiment historique construit par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale qui abrite un lieu culturel et aura une troisième vie avec la production d’énergie », se réjouit Laurent Guillemin, adjoint au maire de Bordeaux. Ce projet s’étendra sur 22.000 m² avec 13.000 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur la toiture et certains pares-bombes, pour une production annuelle à plus de 3,4 GWh, soit l’équivalent de la consommation moyenne de 770 foyers bordelais. « Il s’agira de la plus grande centrale solaire sur un bâtiment historique protégé en France », souligne le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic. L’architecte des bâtiments de France à Bordeaux a veillé à ce que les panneaux ne soient pas visibles et n’abîment pas la base.
Mais la particularité tient aussi au fait qu’il s’agira d’un projet d’autoconsommation collective, développé par l’entreprise BoucL Energie, filiale du groupe EverWatt. L’énergie produite sera vendue en circuit court à des entreprises situées dans un rayon d’un kilomètre. 54 % est d’ores et déjà réservé à une douzaine d’organisations. La Banque Alimentaire de Bordeaux et de la Gironde va ainsi pouvoir sécuriser 60 % de ses besoins à un prix stable pendant 15 ans. « Avec la ville de Bordeaux, nous posons les fondations d’un système énergétique responsable, local et coopératif », témoigne Jérôme Owczarczak, directeur général de BoucL Energie.
53 acteurs engagés
Sur le territoire bordelais, le maire a déjà initié une Alliance de Bordeaux pour l’énergie solaire, le but étant de réunir collectivités, institutions publiques locales et acteurs privés pour accélérer le déploiement du photovoltaïque sur le territoire bordelais. Lancée en juin 2024, aux côtés de la préfecture de Gironde, de la région Nouvelle-Aquitaine, du département de la Gironde et de Bordeaux Métropole, avec 25 premiers signataires, cette alliance a été rejointe par 28 nouveaux acteurs publics et privés. « Ils s’inscrivent dans une dynamique territoriale. C’est stimulant. Il n’y a pas qu’un intérêt économique mais une ambition territoriale partagée », souligne Pierre Hurmic en guise d’explication. Sur l’ensemble des signataires, 600 sites pourront à terme être solarisés selon un travail d’identification du potentiel réalisé cette année.
Un an après sa création, l’heure était donc au premier bilan. « Au cours de ces cinq dernières années, 266 sites de ces mêmes partenaires ont été solarisés ou sont en cours de solarisation, ce qui représente 240.000 m2 », a ainsi dévoilé Claudine Bichet, adjoint au maire de Bordeaux, en charge des finances, du défi climatique et de l’égalité femmes-hommes. « Mais l’Alliance ne consiste pas seulement à installer des panneaux. C’est aussi une méthode et un accompagnement », rappelle-t-elle. Un guide va prochainement être créé pour répertorier l’ensemble des acteurs locaux en mesure d’accompagner les projets d’un point de vue technique, financier ou assurantiel.
41% d’autonomie énergétique, d’ici à la fin 2025
La ville de Bordeaux a elle-même investi 4 millions d’euros entre 2020 et 2026, ce qui aura permis de solariser une quarantaine de nouveaux sites. « D’ici la fin de l’année, nous dépasserons l’objectif annoncé de 41 % d’autonomie énergétique sur le patrimoine public municipal contre 2,9 % en 2020 », insiste Pierre Hurmic. De quoi balayer d’un revers de main les déclarations de Fabien Robert, conseiller municipal de Bordeaux dans l’opposition (Modem), qui fustige sur le projet de la base-sous-marine « une opération sans ambition confiée à un opérateur sans référence. » Peut-être un avant-goût de la campagne pour les élections municipales qui se tiendront dans un an. « J’avais décrété l’état d’urgence climatique en accédant à la mairie en 2020. Je crois beaucoup à la politique et à l’écologie par la preuve. Dans le cadre de la campagne, je montrerai comment la ville de Bordeaux a été à la hauteur de cet impératif », a tranché Pierre Hurmic.
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