Les amateurs de tronçonneuse risquent d’en avoir des sueurs froides. A la conférence de financement des mobilités, qui s’ouvre ce 5 mai dans la cité phocéenne, élus locaux, experts, représentants de l’Etat et poids lourds du secteur vont faire jongler les milliards.
Les uns proposeront le retour de l’écotaxe sur les poids lourds, les autres de relever le versement mobilité dans les intercommunalités ou les régions. Beaucoup voudront puiser dans la cassette du renouvellement des concessions autoroutières entre 2031 et 2036.
Un réseau au bord de la rupture
Nouvelles recettes venues des quotas carbone acquittés par les activités les plus polluantes, fléchage d’une part accrue de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) vers les transports publics, hausse des tarifs des usagers qui ne paient que 25 % du prix de leur billet contre 70 % dans les années 1970 : les pistes ne manquent pas.
Mais une léthargie s’est emparée du secteur, renforcée par la valse des ministres (quatre en l’espace d’une grosse année : Clément Beaune, Patrice Vergriete, François Durovray et Philippe Tabarot). Le tableau n’est guère reluisant.
Alors que plus de 80 % des déplacements se font toujours en voiture, le million de kilomètres de route est « au bord de la rupture », comme l’a souligné, le 22 avril, l’Association des maires de France.
L’épée de Damoclès
Le secteur ferroviaire ne va pas beaucoup mieux. Le réseau est en moyenne âgé de 35 ans, comparé à 17 ans en Allemagne. Près de 5 500 kilomètres de voies provoquaient de forts ralentissements en 2017, contre 2 500 en 2008.
S’il souhaite assouvir son ambition initiale prométhéenne, offrir des perspectives financières à l’horizon de 2040, le gouvernement va devoir ériger un mur d’investissements. Au risque de faire un certain nombre de mécontents. Aura-t-il ce cran-là, au moment où l’épée de Damoclès de la motion de censure n’a jamais été aussi présente au-dessus de sa tête ? Il est permis d’en douter…
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