Le 26 mars dernier, les membres de la commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’examiner le projet de loi de simplification de la vie économique ont adopté deux amendements identiques supprimant le dispositif des zones à faibles émissions (ZFE). Ce vote, qui devra être encore confirmé le 9 avril, remet en cause une politique publique essentielle instaurée pour lutter contre la pollution de l’air, responsable en France de près 48 000 décès précoces. Selon un baromètre d’octobre 2024 de l’association Respire, 45 % des personnes interrogées vivant dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants jugent la qualité de l’air mauvaise. Les ZFE souffrent ainsi depuis plusieurs années d’une contestation croissante alimentée par des raccourcis simplificateurs et une méconnaissance de leur impact réel.
Seules les métropoles du Grand Paris et de Lyon ont aujourd’hui mis en place des restrictions effectives pour les particuliers. Contrairement aux idées reçues, les ZFE ne concernaient en 2024 que 2,4% du parc automobile et sont ciblées sur les véhicules qui contribuent à la pollution atmosphérique, dont notamment les anciens véhicules de transport de marchandises (VUL, poids lourds) et de personnes (autobus, autocars).
Les ZFE ont déjà montré des résultats encourageants, associés à des politiques volontaristes de verdissement du parc. L’exemple de la métropole Aix-Marseille est particulièrement éloquent : la collectivité qui devait initialement interdire la circulation des véhicules Crit’Air 3 dans le centre de Marseille, n’est plus soumise à cette obligation légale, grâce à une amélioration de la qualité de l’air. Cette amélioration est notamment liée au recul des véhicules les plus polluants et à l’augmentation des véhicules électrifiés en circulation, puisque le nombre de véhicules Crit’Air 4, 5 et non classés a été réduit de 68% entre 2016 et 2024 !
Contrairement aux narratifs qui circulent, l’objectif des ZFE n’est pas d’obliger les Français à acheter un véhicule électrique. Une citadine essence de 2007 – immatriculée pour la première fois il y a 17 ans – permet aujourd’hui d’accéder aux ZFE sans restriction. Cette réalité contredit l’idée que seuls les véhicules neufs et onéreux en permettraient l’accès. Elle démontre à l’inverse le rôle de chaque Français à participer, en fonction de leurs moyens et dans une temporalité très certainement différente, à la décarbonation des mobilités.
L’Avere-France reconnait toutefois que pour améliorer l’acceptabilité par les citoyens, le dispositif doit s’accompagner de mesures de soutien pour aider les ménages modestes à acheter des véhicules moins polluants, notamment électriques, et à accompagner les acteurs de la logistique dans le verdissement de leur flotte de VUL et de véhicules lourds. A ce titre, l’Avere-France soutient les initiatives des métropoles du Grand Paris et de Lyon et regrette la disparition de la prime à la conversion qui a largement contribué à retirer du parc des véhicules polluants.
A l’heure où plusieurs voix s’élèvent pour l’instauration d’un moratoire de 5 ans ou la suppression du dispositif, l’Avere-France invite les parlementaires à préserver les ZFE. Plutôt que de renoncer à cet outil essentiel pour la santé publique, nous appelons à un renforcement des mesures de communication et d’accompagnement. La lutte contre la pollution atmosphérique ne peut être reléguée au second plan sous l’influence d’une campagne de désinformation qui alimente les craintes.
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