Villes et villages où il fait bon vivre, villes de rêve, villes les plus attractives… Régulièrement, des classements jaugeant la qualité de vie des communes sont publiés, avec des méthodologies plus ou moins sérieuses. « Leur nombre reflète l’intérêt que les Français portent à leurs territoires », estime Christophe Alaux, directeur de la chaire attractivité et nouveau marketing territorial à l’université d’Aix-Marseille.
Le dernier palmarès en date, réalisé par l’Association villes et villages où il fait bon vivre, se fonde sur 190 critères, répartis en onze catégories pondérées selon l’intérêt que les Français leur portent d’après un sondage. Une tentative d’exhaustivité qui lui donne du crédit, même si la pertinence de certains critères (présence d’un vignoble, de conifères, d’une station thermale ou d’un domaine skiable…) peut être interrogée.
Verre à moitié plein
Quoi qu’il en soit, ces classements sont regardés par les élus. « On ne peut pas les ignorer », reconnaît Fabien Leroy, directeur de cabinet de l’agglomération de Saintes Grandes Rives l’Agglo, qui regrette d’avoir « injustement » chuté cette année à cause des quatre inondations subies. Mais il reste fairplay. « On peut saluer la démarche de mettre un coup de projecteurs sur des villes peu connues. Nous sommes dans les 500 premières sur 35 500, c’est déjà une petite victoire », relativise-t-il par ailleurs. La vantardise de certains élus sur les réseaux sociaux témoignent de leur capacité à regarder le verre à moitié plein en choisissant l’échelle qu’ils souhaitent.
« Nous regardons de temps en temps et avec curiosité ces classements, sans attention déterminante. Certains nous font sourire, comme celui qui nous classe comme la ville où l’on râle le moins. Et quand ils sont mauvais, les résultats sont repris par nos oppositions », rapporte Margot Belair, adjointe à l’urbanisme à la mairie de Grenoble. Le chef-lieu de l’Isère a pour particularité d’être seulement 36ème sur les 40 villes de plus de 100 000 habitants où il fait bon vivre d’après un classement… mais celle avec la meilleure qualité de vie au monde d’après un autre.
Quel impact ?
« Bien sûr qu’on s’en réjouit. Cela valide la dynamique et la politique menée », reconnaît le cabinet du maire de La Rochelle, dans le top 10 depuis plusieurs années du classement villes et villages où il fait bon vivre.
Mais quel est l’impact concret de ces classements ? « L’effet sur la notoriété et la visibilité d’une ville est indéniable », estime Marc Thébault, conseil en marketing territorial. Et après ? Y a-t-il un effet performatif : être bien classé conduit-il à attirer des nouveaux habitants et des touristes ? « Aucune étude ne le prouve à ma connaissance », répond Christophe Alaux, qui rapporte que des travaux montrent cependant qu’au-delà des classements, la labellisation Plus beaux villages de France et Patrimoine mondial de l’Unesco provoquent un attrait en matière de tourisme.
Business
« Personne ne m’a jamais dit, je m’installe à Angoulême parce que le ratio d’école par habitant y est élevé, aucun ami ne m’a dit avoir regardé le classement Lyod avant de déménager, sourit-il. Ces classements n’intéressent que ceux qui les produisent et les lisent », poursuit le professeur.
Le spécialiste Marc Thébault évoque le cas de Clermont-Ferrand, mal classée, mais qui gagne des habitants chaque année. « A l’origine, ces classements sont surtout des aspirateurs à fréquentation pour les sites et magazines, qui, on imagine, vendent des espaces publicitaires aux communes bien placées », remarque-t-il. Tout un business existe autour. L’association villes et villages où il fait bon vivre propose par exemple un label traduit par un panneau à installer à l’entrée de sa commune. Pour 600 à 4 700 euros annuels selon le nombre d’habitants…
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