Interrogeant ChatGPT sur le marché du logement dans les métropoles en France, Jean-Claude Driant, géographe spécialiste des politiques locales de l’habitat, a obtenu – sans surprise – une réponse très généralisante sur le « marché de l’immobilier très tendu », « la demande de logements très élevée mais l’offre qui ne suit pas, entraînant une hausse des prix ». Mais l’IA n’est pas la seule à voir le marché du logement en France comme un tout homogène. Le discours politique demeure très centralisateur sur le sujet, alors que, comme le démontre Jean-Claude Driant dans son ouvrage « Les métropoles et les marchés du logement », publié dans la collection « Les cahiers Popsu » des éditions Autrement (juin 2024), les indicateurs des marchés locaux révèlent des situations très disparates.
Depuis les années 2000, les intercommunalités sont progressivement devenues cheffes de file de la politique de l’habitat sur les territoires. Mais c’est moins par leurs documents programmatiques que par les relations partenariales qu’elles ont su nouer avec les acteurs du logement qu’elles ont fait leur place. Une place que l’Etat central a encore du mal à leur reconnaître, comme le montre le récent projet de loi avorté « Kasbarian », centré sur le développement d’une offre de logements abordables, dans lequel on peine à trouver mention des compétences des intercommunalités. Le prédécesseur de Guillaume Kasbarian, ministre démissionnaire chargé du Logement, Patrice Vergriete, ancien maire de Dunkerque, avait pourtant initié des travaux pour que soit lancé un nouvel acte de décentralisation du logement… finalement abandonné par son successeur.
Dans votre ouvrage, vous démontrez qu’on ne peut parler d’un marché du logement homogène en France. Les métropoles, au travers des programmes locaux de l’habitat, parviennent-elles à apporter des réponses locales à leurs propres enjeux ?
Sur le sujet du logement, les métropoles connaissent quelques points communs, comme la tension plus forte de leur marché immobilier, une vacance du parc qui augmente partout. Mais on ne peut pas tenir durablement un discours généralisant sur les métropoles. Les programmes locaux de l’habitat (PLH) ont longtemps été marqués par une tendance à la standardisation – ce qui peut expliquer le peu d’intérêt de la recherche sur les politiques locales de l’habitat.
Après la première étape de l’instauration de PLH « standardisés », les intercos ont connu une montée en compétence opérationnelle avec, notamment, la mise en place de la délégation des aides à la pierre et un travail plus partenarial avec les différents acteurs. Des chartes de promoteurs ont été créées dans les quinze métropoles étudiées et les coopérations se sont développées.
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