Huit ans après l’obligation de l’ouverture des données des collectivités de plus de 3 500 habitants, où en est l’Open Data ? En marge des débats qui se tenaient le 17 avril à Paris, aux assises d’Open Data France, l’Observatoire Data Publica publiait une étude sur le sujet. Au regard de la loi, la photographie manque d’éclat : seules 16 % des collectivités soumises à l’obligation s’y contraignent. Un constat connu de tous qui faisait dire à Constance Nebbula, présidente de l’association Open Data France, vice-présidente (LR) au numérique de la région Pays-de-la-Loire et vice-présidente d’Angers Loire Métropole, qu’il reste « un plafond de verre technique à briser ».
La technique est justement le cœur de l’étude de l’Observatoire. Au-delà des 868 collectivités qui publient leurs données elles-mêmes, dont plus de 250 en Bretagne, l’enquête se penche sur les 147 qui possèdent un portail à leur nom. « L’enquête de l’Observatoire porte sur ces collectivités plus volontaristes que les autres, celles qui publient des données et font le choix de les mettre en avant auprès de leurs habitants et des acteurs de leurs territoires », indique Jacques Priol, président de l’Observatoire Data Publica.
Quatre thèmes privilégiés dans l’ouverture des données
Cent vingt de ces poissons-pilotes utilisent la suite logicielle Opendatasoft, partenaire de l’étude. Cette convergence a simplifié le travail des auteurs de l’étude, qui ont pu interroger directement l’éditeur. Fin 2023, on trouvait sur son « hub » très exactement 16 802 jeux de données issus des différents portails des collectivités françaises. Les auteurs de l’étude notent avec intérêt que 50 % des jeux de données des collectivités disponibles sur le site Data.gouv.fr sont à l’origine publiés sur les portails Opendatasoft et « propulsés » de façon automatique.
Mis les un à côté des autres, ces jeux de données publiés dans toute la France révèlent ce que les collectivités cherchent dans l’Open Data. Les thématiques phares sont la citoyenneté, c’est-à-dire les informations relatives aux services publics et aux dispositifs électoraux, l’administration (budget, délibération, état civil), l’environnement, et enfin les transports. Ces quatre thèmes concentrent presque la moitié des jeux de données publiés via Opendatasoft.
Jacques Priol commente les bonnes pratiques révélées par cette étude. « Parmi les portails les plus récents, on constate une volonté d’éditorialiser la publication des données et de prioriser les jeux de données les plus utiles. Il semble que les pionniers de l’open data s’éloignent progressivement du principe de l’open data par défaut, pour privilégier les publications les plus utiles. Cette évolution soulève la question de la place de l’open data dans la gestion globale des données publiques. Il semble que l’open data n’est plus, si elle l’a d’ailleurs été, une fin en soi ». Le constat résonne avec celui de l’association Open Data France, qui s’interroge sur le cadre actuel et futur de l’ouverture des données par les acteurs publics.
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