Qu’est-ce que « l’intelligence artificielle urbaine » ? Peut-elle contribuer à la création de villes durables ? Quels sont les risques et dérives possibles ? Comment différentes villes du monde l’utilisent-elles ? Autant de questions qui ont incité Hubert Béroche à entreprendre un tour du monde de la smart city en 2019. Douze villes intelligentes visitées en six mois sur trois continents, où il a rencontré plus de 130 entrepreneurs, urbanistes, philosophes, ingénieurs, élus locaux, consultants, cadres dirigeants, architectes… Objectif : comprendre comment l’IA est déployée en ville, avec quels acteurs et autour de quels écosystèmes.
« La complexité de la ville contamine les IA, explique-t-il. A partir de là, on constate deux approches. La première consiste à simplifier la ville ; c’est ce que fait la Chine qui construit les villes autour des véhicules autonomes. A première vue, ça semble très innovant, mais en réalité, il s’agit d’énormes autoroutes urbaines… La seconde approche, c’est de partir de cette complexité et de décentraliser davantage l’IA pour qu’elle s’urbanise et s’intègre à la ville. C’est la vision que nous essayons de promouvoir. »
C’est après son tour du monde qu’Hubert Béroche a créé Urban AI, un think tank qui compte aujourd’hui 150 experts pluridisciplinaires dans le monde et une trentaine de partenaires, dont les métropoles de Bordeaux et du Grand Paris… Un espace d’expérimentation et d’échange, où l’IA et l’avenir des villes sont débattus selon divers points de vue. Urban AI veut également, face aux postures chinoise et américaine de la ville intelligente, traiter de notions plus européennes : vie privée, écologie, participation citoyenne…
Qu’entendez-vous par intelligence artificielle urbaine ?
D’un point de vue pragmatique, c’est une IA qui apprend à partir de données urbaines et qui est intégrée dans une solution ou dans un système déployés en ville. Sur le plan conceptuel, l’IA urbaine part toujours de la ville vers un centre de contrôle (superviseur), en passant par plusieurs étapes : captation, envoi, traitement, stockage et analyse des données. Trop souvent, les villes ne voient pas ces étapes intermédiaires.
Or c’est là que se jouent les enjeux de souveraineté et de gouvernance de la donnée. Les IA urbaines ont des caractéristiques communes.
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