DÉFINITION
Le handicap cognitif est la conséquence de la déficience des grandes fonctions cérébrales supérieures que sont l’attention, la mémoire, les fonctions exécutives et perceptives, le raisonnement, le jugement, le langage. Autrement dit, l’ensemble des fonctions qui, chaque jour, nous permettent de mettre en place des stratégies d’apprentissage, des recherches d’informations, des actions…
Lorsque les défaillances sont importantes nous parlons de déficiences cognitives. Le handicap cognitif intervient lorsque les difficultés observées entraînent un désavantage social. Les troubles de la mémoire, de l’attention, des fonctions exécutives, du langage, des praxis peuvent être à l’origine de difficultés sociales importantes lors de la scolarité, dans la vie quotidienne ou dans le cadre d’une insertion professionnelle.
Le concept de handicap cognitif apparaît être ainsi extrêmement large et pas toujours bien défini. Et, si l’on s’en tient à ce que l’on sait de la déficience des grandes fonctions cérébrales supérieures, il y a bien trop de type de handicap cognitif pour que l’on puisse tous les lister. En effet, nous pouvons retrouver les diagnostics cliniques du handicap cognitif dans des handicaps tels que les troubles déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH), l’infirmité motrice cérébrale, certaines formes d’autisme, certaines myopathies, la trisomie 21 (ou syndrome de Down), les traumatismes crâniens et certaines formes de démence. Aussi, tant qu’un document n’aura pas clairement explicité ce qu’est la « fonction cognitive » telle qu’elle apparaît dans la loi du 11 février 2005 portant sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, nous limiterons, dans cet ouvrage, le handicap cognitif aux troubles spécifiques du langage et des apprentissages.
Ce sont en général les maladies en « dys », telles que la dyslexie, la dysorthographie, la dyspraxie, la dyscalculie… plus communément appelés les troubles du langage et des apprentissages.
Nous pouvons comprendre que les apprentissages scolaires dépendent du bon fonctionnement de ces fonctions cognitives. L’apprentissage de la lecture implique d’avoir accès à une symbolique, d’être en capacité de donner du sens à celle-ci de mobiliser également de nombreuses fonctions telles que la perception auditive, la perception visuelle, l’attention, la mémoire, le raisonnement, etc. L’atteinte d’une seule de ces fonctions peut ainsi avoir un impact important sur le bon fonctionnement de ce processus complexe.
LES TROUBLES DES APPRENTISSAGES
Quand l’échec scolaire ou les difficultés scolaires sont présents, sans être liés aux diverses formes possibles de négation ou rejet de la norme scolaire, c’est qu’ils renvoient non plus à un refus mais à des incapacités de l’élève à entrer dans les apprentissages scolaires. On parle alors de « troubles des apprentissages » dont fait partie la célèbre dyslexie mais aussi la dysorthographie, la dyscalculie, la dyspraxie, les troubles de l’attention, les troubles de la mémoire…
a. Les causes
Les causes évoquées concernant les difficultés des enfants à apprendre à lire, à écrire ou à calculer s’étayent essentiellement sur la recherche des origines de la dyslexie. La cause la plus couramment admise est neurologique : elle implique un dysfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans la phonologie (représentation et traitement des sons et de la parole). Cependant d’autres pistes sont également évoquées notamment, des difficultés d’analyse spatiale de la séquence des lettres, des mots ou des chiffres, du traitement temporel entre les mots et leurs représentations ainsi que des difficultés de coordination motrice. Le facteur génétique entre également en jeu puisque des recherches sur des jumeaux ont conduit à prouver que le caractère héréditaire de la dyslexie intervenait dans 50 % des cas. Enfin, il semble que les facteurs environnementaux, traumatiques, socio-éducatifs, psychologiques interviennent également dans l’apparition des troubles des apprentissages.
Quels que soient les troubles des apprentissages, plus le dépistage est précoce moins les conséquences de ces troubles seront importantes.
b. La dyslexie
Il s’agit d’une difficulté qui entraîne des problèmes d’écriture parfois qualifiés à tort de dysgraphie et de dysorthographie. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) estime que la dyslexie touche 8 à 12 % de la population mondiale. Des difficultés sont observées lors de l’identification des mots :
- des confusions phonétiques, auditives ou visuelles ;
- des élisions (suppression d’une voyelle à la fin d’un mot devant une autre voyelle ou un « h » muet), adjonctions ou inversions de lettres ;
- une lenteur dans le traitement des éléments lus.
Pour qu’une dyslexie soit diagnostiquée, il faut qu’il y ait un retard d’au moins 18 mois entre l’âge réel et l’âge de lecture. Pour cette raison, on ne peut commencer à diagnostiquer une dyslexie avant le CE2 (l’apprentissage de la lecture devenant véritablement efficient au milieu du CP).
c. La dysorthographie
Ce trouble des apprentissages est caractérisé par un défaut d’assimilation important et durable des règles orthographiques (altération de l’écriture spontanée ou de l’écriture sous dictée).
Les problèmes découlant de la dysorthographie sont :
- une lenteur d’exécution, des hésitations et une pauvreté des productions ;
- des fautes d’orthographe, de conjugaison, de grammaire et d’analyse ;
- des difficultés à l’écrit semblables à celles rencontrées dans la dyslexie ;
- des erreurs de copies et des découpages arbitraires ;
- des économies de syllabes, des omissions et des mots soudés.
d. La dyscalculie
Il s’agit d’un échec dans l’apprentissage des premiers éléments du calcul et dans la capacité à manier, de façon adéquate, les nombres chez les enfants d’intelligence dite normale. Un langage insuffisant pour comprendre les concepts mathématiques, une mauvaise discrimination spatiale, une mauvaise mémoire numérique et un manque de maturation sont des éléments à prendre en considération pour comprendre les origines de la dyscalculie en rapport avec les aptitudes mentales de l’enfant.
e. La dyspraxie
Il s’agit d’une altération de la capacité à exécuter de manière automatique des mouvements déterminés, en l’absence de toute paralysie ou parésie des muscles impliqués dans le mouvement. L’individu atteint de dyspraxie doit contrôler volontairement chacun de ses gestes, ce qui rend la planification, la programmation et la coordination des mouvements complexes de la vie courante et notamment l’écriture extrêmement difficile.
Selon le Haut comité de santé public, la dyspraxie touche 5 à 7 % des enfants de 5 à 11 ans. Ainsi, elle toucherait 250 000 enfants en primaire (un enfant par classe) mais peu sont repérés.
f. Les troubles du déficit de l’attention (TDAH)
Le TDAH renvoie à un ensemble de difficultés touchant quatre dimensions essentielles du bon développement de l’enfant :
- la dimension cognitive par de l’inattention et de l’impulsivité ;
- la dimension émotionnelle par de l’instabilité affective et de l’impatience ;
- la dimension sociale par des difficultés d’intégration liées à un retrait social ou, au contraire, une tendance à de l’envahissement ;
- la dimension psychomotrice par de l’agitation excessive et des difficultés de coordination motrice (emballement moteur).
Ces troubles se traduisent sur le plan psychique, par :
- de l’inattention, des difficultés à sélectionner les informations pertinentes et à organiser ses idées. Toutefois, il apparait que lorsque l’activité est stimulante et suscite un grand intérêt, la concentration redevient possible ;
- une tendance à une activité désorganisée, incoordonnée et excessive, et un certain degré d’impulsivité. Cette tendance se manifeste par des difficultés à faire le lien entre des actes et leurs conséquences, par de l’impatience, une tendance à couper la parole de l’autre, à parler et agir avant de réfléchir, à passer d’une activité à l’autre.
- et sur le plan moteur, par une hyperactivité ou une agitation motrice incessante (agitation des mains ou des pieds, logorrhée, courir et grimper de manière inappropriée…).
Trois formes de TDAH peuvent apparaitre :
- soit l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité sont présentes ;
- soit le symptôme de l’inattention est absent, seuls subsistent l’hyperactivité et l’impulsivité ;
- soit l’inattention est le seul symptôme présent.
g. Les troubles de la mémoire
La mémoire est conditionnée, à la fois, par des données biologiques et psychologiques. Les enfants présentant des troubles de la mémoire ont des difficultés à intégrer, retenir, restituer les informations (consigne, série, rituel…) qui leur sont données.
Suggestions de sites internet
http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologiepsychiatrie/dossiers-d-information/troubles-des-apprentissages-dyslexie-dysorthographiedyscalculie : site de l’institut national de la santé et de la recherche médicale.
http://tdah-france.fr : site d’informations sur les TDAH.
http://blog.crdp-versailles.fr/ressourcesdysgarches/ : site de ressources pour les enseignants et les parents d’enfants « dys ».
http://www.apedys.org/ : site de l’association nationale d’associations d’adultes et de parents d’enfants dys.
Éléments de bibliographie
BERGER M. (2006), Les troubles du développement cognitif, Paris, Dunod. CROUAIL A. (2008), Rééduquer dyscalculie et dyspraxie, Paris, Ed. Elsevier Masson. GERARD C.L. & BRUN V. (2005), Les dyspraxies de l’enfant, Paris, Masson. JUMET B. (2011), Aider l’enfant dyslexique, Paris, Dunod. LOUIS J.-M., RAMOND F. (2009), Comprendre et accompagner les enfants en difficulté scolaire, Paris, Dunod. REID G. et GREEN S. (2008), 100 idées pour venir en aide aux élèves dyslexiques, Paris, Éditions Tom Pousse. SPRENGER-CHAROLLES L. & COLE P. (2006), Lecture et dyslexie – Approche cognitive, Paris, Dunod. VINCENT E. (2007), La dyslexie, Paris, Éditions Milan.
Thèmes abordés