DEPUIS LA NOUVELLE définition du 11 février 2005 portant sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, nous appelons handicap mental ce qui induit des perturbations du degré de développement des fonctions cognitives (perception, attention, mémoire et pensée). Le handicap mental devient ainsi la conséquence sociale d’une déficience intellectuelle et sont exclus de cette définition les troubles du comportement tels que les psychoses souvent associées, à tort, au handicap mental. Depuis 2005, les psychoses sont classifiées dans les handicaps psychiques. Ainsi le handicap mental renvoie, à la fois, à une déficience intellectuelle (approche scientifique) et aux conséquences de celle-ci dans le quotidien de la personne handicapée mentale (approche sociale et sociétale).
La déficience intellectuelle désigne un retard mental de l’individu. L’intelligence étant cette activité qui permet à l’être humain d’apprendre, de connaître, d’utiliser son savoir, de créer, de s’adapter au monde et de le maîtriser.
Le handicap mental induit des perturbations entraînant des difficultés plus ou moins importantes de réflexion, de conceptualisation, de communication, de relation, de prise de décision, etc. Elles doivent être compensées par une aide éducative et thérapeutique, permanente et évolutive, en fonction du déficit intellectuel, de l’état et de la situation de la personne. 700 000 personnes se trouvent en situation de handicap mental soit 20 % des personnes handicapées. Nous pouvons noter que la déficience mentale touche de manière prépondérante (60 %) le sexe masculin. 14 Les déficiences intellectuelles
LA DÉFICIENCE INTELLECTUELLE se définit par un quotient intellectuel (QI) inférieur à 70. Elle touche entre 1 et 3 % de la population générale, avec une prépondérance du sexe masculin.
La déficience mentale peut s’installer soit d’emblée dans le développement psychique de l’enfant, soit apparaître comme une détérioration secondaire, à la suite d’une maladie comme l’épilepsie sévère. D’autres causes sont liées à des facteurs de l’environnement, comme la maltraitance ou la négligence grave. La déficience peut aussi s’installer, chez l’enfant ou le jeune adulte dans le cadre d’une maladie mentale, une psychose, que l’on qualifie alors de déficitaire. Les causes les plus fréquentes de déficience intellectuelle sont la trisomie 21 et le syndrome de l’X fragile.
1. CLASSIFICATION DE L’OMS
Déficience mentale profonde : QI < 25 Déficience mentale sévère : QI < 40 Déficience mentale modérée : QI < 55 Déficience mentale légère : QI < 70
2. LE NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT
Déficience mentale profonde : 2-3 ans d’âge mental
Déficience mentale sévère : 4-5 ans d’âge mental ;
Déficience mentale modérée : 6-7 ans d’âge mental
Déficience mentale légère et limite caractérisée par l’échec scolaire uniquement.
a. La déficience mentale profonde
Avec la déficience mentale sévère, la déficience mentale profonde est la seule déficience à être dépistée avant la période scolaire. Elles touchent 0,3 à 0,6 % des déficients intellectuels.
Nous observons chez la personne atteinte de déficience intellectuelle profonde un retard massif des acquisitions. L’autonomie s’en trouve profondément affectée et les premières acquisitions de la vie quotidienne (alimentation, toilette, contrôle sphinctérien) ne sont que partielles même si elles peuvent s’améliorer par une prise en charge adéquat mobilisant, le plus souvent, la psychomotricité de l’enfant.
Le langage est rare voire inexistant. Il se réduit à quelques mots ou phonèmes.
Sur le plan relationnel, des perturbations massives apparaissent : retrait affectif, impulsivité conduisant à des conduites agressives sur autrui ou sur le sujet lui-même, stéréotypies apparaissant sous forme de balancements.
b. La déficience mentale sévère et modérée
Le développement psychomoteur est souvent retardé. Une autonomie dans les conduites sociales est possible quand l’enfant évolue dans un cadre stimulant et rassurant. La syntaxe est mal structurée. La lecture stagne au niveau d’un déchiffrage rudimentaire quand elle est possible ; la scolarisation en milieu normal est difficile. La pensée se maintient au stade préopératoire.
c. La déficience mentale limite ou légère
Habituellement reconnue à l’âge scolaire, elle est caractérisée par l’échec des acquisitions scolaires. Le développement psychomoteur est normal, la socialisation extrascolaire est satisfaisante mais, dès les premières années en école primaire, où la pensée se formalise (cycle 2 à l’Éducation nationale française), des difficultés apparaissent limitant la progression de l’enfant. Sur le plan affectif et relationnel, les perturbations sont fréquentes (dans 50 % des cas selon Georges Heuyer, pionnier de la psychiatrie infanto-juvénile) et s’organisent selon deux versants :
- un versant où l’instabilité domine. Une instabilité souvent empreinte de colère face aux situations d’échec et de frustrations mais pouvant, également donner lieu à des comportements délictueux (vols, vandalisme…). À ces conduites s’associent souvent un positionnement rigide, des jugements excessifs ;
- un versant où l’inhibition et le retrait dominent. Les capacités intellectuelles de ces enfants peuvent être alors masquées par une passivité trop massive et entraver la pertinence des tests effectués.
3. LES CAUSES
Si le handicap mental peut être héréditaire, ses origines peuvent être diverses. Dans 34 % des cas, les causes sont inconnues.
Un grand nombre de handicaps mentaux ont une cause génétique. On distingue les anomalies chromosomiques telles que la trisomie 21 (également appelé syndrome de Down), dont la récurrence au sein d’une même famille reste faible, des maladies génétiques telles que le X fragile, considérées comme héréditaires.
En dehors de causes génétiques, un handicap mental peut résulter d’une atteinte du système nerveux central ou d’un dysfonctionnement du métabolisme.
Il peut également être la conséquence d’un accident pendant la grossesse ou au moment de la naissance voire après celle-ci.
Certaines maladies contagieuses touchant le nourrisson peuvent également causer de graves séquelles.
Des facteurs psychosociaux peuvent également être à l’origine d’un handicap mental, notamment dans le cas de déficiences intellectuelles légères et limites. Les études épidémiologiques montrent que les déficiences sont d’autant plus fréquentes que les conditions de vie socio-économiques et la stimulation culturelle sont médiocres.
4. LE TRAITEMENT
Comme, nous pouvons le comprendre, il n’existe pas une déficience intellectuelle : chaque cas est particulier suivant le degré de la déficience intellectuelle ainsi que les troubles secondaires qui y sont associés.
De nombreux tests psychométriques permettent d’évaluer et de distinguer les compétences verbales ou pratiques dès la prime enfance. Il en résulte un résultat global, le QI, évolutif au cours de la vie, qui mesure l’avance ou le retard d’un enfant par rapport à sa classe d’âge. La mesure du QI est souvent décisive pour l’orientation vers le milieu ordinaire, médico-éducatif, médico-pédagogique ou sanitaire.
De manière générale, l’accompagnement thérapeutique s’organise autour de trois axes :
- le suivi psychothérapeutique ;
- l’accompagnement pédagogique ;
- la prise en charge institutionnelle.
a. Le suivi psychothérapeutique
Le suivi psychothérapeutique revêt généralement deux formes : une psychothérapie de soutien dont l’objectif est d’aider la personne et/ou son environnement familial à supporter les problèmes inhérents au handicap ou une psychothérapie psychanalytique visant un travail plus en profondeur sur la personnalité. En l’occurrence, plus les troubles psychoaffectifs sont importants (angoisse, agressivité…), plus la psychothérapie analytique semble indiquée.
Les difficultés relationnelles au sein de la famille que la déficience intellectuelle peut induire sont de deux ordres : ou bien l’enfant se voit hyperprotégé, ou bien le sujet peut subir une attitude de rejet ou d’ignorance ou encore les deux à la fois (la mère ayant tendance à l’hyperprotection dans une attitude fusionnelle, le père à la résignation ou au rejet). La psychothérapie vise alors à une prise de conscience des relations mises en jeu et à un rééquilibrage de celles-ci.
b. L’accompagnement pédagogique
L’accompagnement pédagogique constitue souvent le premier temps du traitement. Il peut se faire sous la forme d’une rééducation individuelle focalisée sur un symptôme particulièrement déficient : orthophonie, ateliers psychopédagogiques, rééducation motrice… ou encore dans les établissements spécialisés : les centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP) pour les moins de 6 ans, les instituts médico-éducatifs (IME) pour les enfants généralement de 6 à 18 ans (sauf dérogations spécifiques), les hôpitaux de jour pour les enfants de 0 à 12 ans, les classes d’inclusion scolaire (CLIS 1) pour les enfants à partir de 4 ans et, depuis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, au sein de l’école.
c. La prise en charge institutionnelle
Intégrant un accompagnement pédagogique, les orientations en externat ou internat institutionnel permettent une prise en charge global de l’enfant tant sur le plan thérapeutique que pédagogique. Le placement en internat est plus particulièrement préconisé pour les enfants où un maintien permanent au sein du foyer familial est source de conflit, de déséquilibre important ou encore de rejet.
Les principales structures sont :
- pour les enfants : les instituts médico-éducatifs (IME), les instituts médicoprofessionnels (IMPRO), les hôpitaux de jour.
- pour les adultes : les foyers d’hébergement, les foyers occupationnels de jour, pour les plus dépendant les foyers de vie, les foyers d’accueil médicalisé (FAM), les maisons d’accueil spécialisé (MAS).
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