Les élus provençaux sont déterminés à aller « jusqu’au bout du bout » pour faire aboutir leur projet éolien. C’est-à-dire jusqu’au tribunal administratif, où leur partenaire industriel, la Compagnie nationale du Rhône (CNR), a pleinement confiance en l’issue de la procédure. Laquelle retarderait tout de même de deux à trois ans la mise en service du parc du plateau des Pallières.
Des craintes pour les voles d’entraînement des hélicoptères – L’unique projet éolien du Var « suscite l’unanimité des administrations consultées, à une exception près : l’Armée de terre », expose Jean-Marc Etienne, vice-président de la communauté de communes Provence d’Argens en Verdon (11 communes, 14 000 hab.). Les militaires craignent que les vols d’entraînement des hélicoptères ne soient perturbés. Les porteurs du projet relativisent le risque : le parc occuperait 70 hectares, soit 0,03 % de la surface de la zone militaire. Ils n’envisagent pas d’autre implantation, jugée ici optimale au regard de la ressource en vent et de la maîtrise des impacts environnementaux et paysagers.
15 % de l’objectif régional – Le parc de14 machines (totalisant 35 mégawatts de puissance) produirait 85 gigawattheures d’électricité par an, soit la consommation de 35 000 personnes (chauffage inclus) et 15 % de l’objectif de développement éolien fixé en Provence Alpes Côte d’Azur. Cette production serait bienvenue dans une région qui ne produit que la moitié de ses besoins énergétiques, un taux qui tombe à 10 % dans le Var et les Alpes-Maritimes.
800 000 euros de recettes fiscales et loyers – Démarchée au début des années 2000 par des développeurs, l’intercommunalité a voulu « garder la maîtrise du projet », relate son président, Bernard de Boisgelin. En 2008, elle s’est associée à la CNR au sein de la société d’économie mixte locale (SAEML) Eoliennes des Pallières. Les élus voient dans l’opération « un moteur de développement du territoire ». Recettes fiscales et loyers devraient rapporter quelque 800 000 euros par an aux collectivités (communes, interco, département, région), « dans un contexte de désengagement de l’Etat qui leur impose de trouver d’autres ressources que ses dotations », souligne Bernard de Boisgelin. En outre, 1 % des 40 millions d’euros d’investissement qu’engagera la SAEML seront alloués à des projets de développement durable, notamment dans l’efficacité énergétique (rénovation de l’éclairage public, isolation des habitations).
Une pacification à Noël ? – Le préfet n’a pas donné suite à la demande de permis de construire, déposée fin 2010 par la SAEML et dont la réponse était attendue avant le 22 octobre dernier. Face à ce refus tacite, les promoteurs du projet ont formellement jusqu’au 22 décembre pour interpeller le représentant de l’Etat. Ils veulent encore croire qu’à Paris, une réunion interministérielle débloquera la situation en faveur d’un « partage raisonnable du territoire. » Et s’attachent localement à rassurer l’Armée, qui redoute que ce parc soit le premier d’une longue série : « Le futur schéma régional climat air énergie pourra faire en sorte que notre projet soit l’unique et le dernier dans ce secteur », fait valoir Mathieu Van Hasebroek, responsable du développement de la CNR.
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