Il n’y a plus le choix, il faudra bien en passer par la sobriété foncière pour réussir la transition écologique. Une transition qui devra aussi subir une économie décarbonée, particulièrement dans l’industrie. Le gouvernement a donc présenté, le 16 mai, le projet de loi « industrie verte » au Parlement. Il entend, avec ce texte, réindustrialiser la France tout en respectant le zéro artificialisation nette (ZAN) à l’horizon 2050. Pour l’exécutif, le problème n’en est pas un : les 20 000 hectares de foncier productif nécessaires à la réindustrialisation décarbonée peuvent facilement être puisés dans les « 170 000 hectares de friches à dépolluer. C’est le meilleur levier pour accélérer la réindustrialisation sans aller à l’encontre des objectifs du ZAN », défend-on au ministère de la Transition écologique.
Giga-factory et plateformes
Mais, au niveau local, ce n’est pas si simple. Certains territoires disposent encore du foncier suffisant pour accueillir les futurs porteurs de projet, comme le Nord, qui bénéficie effectivement de grandes friches industrielles. C’est le cas à Dunkerque (86 500 hab.), qui va accueillir une giga-factory de batteries électriques, annoncée en grande pompe lors du salon Choose France par Emmanuel Macron, en mai. D’autres territoires ont des réserves, comme la communauté d’agglomération de Béthune-Bruay Artois-Lys Romane (100 communes, 276 200 hab.), qui dispose de 350 hectares de foncier pour un besoin total estimé à 500 hectares, ou le nord-Orléanais, en pleine Beauce, devenu le lieu d’implantation privilégié des plateformes logistiques.
Reconversion des friches
Mais d’autres gèrent déjà la pénurie. La communauté de communes du Grésivaudan (43 communes, 102 200 hab., Isère), par exemple, a déjà pris le pli de la reconversion de ses friches pour poursuivre son développement industriel sans entamer son foncier, et Rochefort (23 400 hab., Charente-Maritime) a établi son plan stratégique en fonction du ZAN. Une façon d’éviter d’arbitrer entre les projets, comme c’est le cas au Creusot (21 100 hab., Saône-et-Loire) ou dans la communauté d’agglo de Caux-Seine agglo (50 communes, 78 000 hab., Seine-Maritime).¶
« La Gazette » s’est rendue sur ces territoires pour mesurer l’hétérogénéité des situations sur le terrain, mais aussi pour mettre en évidence les stratégies engagées par leurs élus locaux afin de surmonter la contrainte de sobriété du foncier économique. Premier épisode la semaine prochaine à Rochefort.
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