Au 1er trimestre 2023, 14 317 défaillances d’entreprises ont été enregistrées, en progression de 43,6 % par rapport à la même période de 2022, dont 10 730 liquidations judiciaires directes, un chiffre au plus haut depuis 2017. Sans surprise, après les seuils historiquement bas enregistrés en 2021, les défaillances retrouvent des niveaux d’avant la crise sanitaire. Les liquidations signifient que les modèles économiques de ces entreprises ne sont plus viables.
Quelles que soient les régions, la situation se révèle surtout compliquée pour les métiers en lien direct avec le consommateur, soit le commerce de détail – avec le secteur de l’habillement qui est le plus en souffrance –, particulièrement la restauration.
Ainsi, on compte « 900 défaillances sur la restauration assise, 700 sur la restauration rapide, alors qu’en 2020, année où les défauts étaient le plus bas, les chiffres étaient tombés à 290 pour la restauration assise. Il fallait s’attendre effectivement à un effet de rattrapage », commente Thierry Millon, directeur des études d’Altarès, un cabinet spécialisé dans la data d’entreprise.
La construction a jusqu’ici mieux résisté. « Pour ce secteur, il n’y a pas d’inquiétude dans l’immédiat, mais un manque de lisibilité. En revanche, l’immobilier est par terre », poursuit-il.
Inégalités entre les régions
Les situations sont contrastées selon les territoires. La Corse enregistre, par exemple, une progression de 120 % des défaillances, mais sur une volumétrie très faible de 88 défaillances, à peine au-dessus du niveau de 2020.
« Dans la restauration, une région comme Provence – Alpes-Côte-d’Azur résiste mieux, du fait de son activité touristique. En revanche, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie, qui sont aussi des régions touristiques, sont moins préservées », observe Thierry Millon.
Territoires industriels, les régions Auvergne – Rhône-Alpes et Bourgogne – Franche-Comté restent fragilisées, avec une situation déjà dégradée dans le secteur de la construction.
Davantage que la progression sur un an, qui doit être mise en perspective avec le dynamisme des créations d’entreprises en 2022 et 2021, Altares appelle l’attention sur la comparaison avec le niveau de défaillances observé début 2018.
Le cabinet pointe cinq régions dans lesquelles les chiffres sont aujourd’hui supérieurs à ceux de cette période : les Pays de la Loire, la Bourgogne – Franche-Comté, les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine ou l’Occitanie.
Une nouvelle étude en 2024 ?
L’absence de données de l’Insee territorialisées pour le premier trimestre 2023 ne permet pas d’entrer dans le détail des territoires. En revanche, une étude d’OP Consultants, cabinet spécialisé dans l’analyse des dynamiques territoriales et la réalisation d’études à dimension territoriale, sur les trois premiers trimestres de l’année 2022, est allée jusqu’à l’analyse par intercommunalités, en retenant l’évolution du nombre de liquidations directes.
Et Nicolas Portier, ancien délégué général d’Intercommunalités de France, aujourd’hui consultant, constate que « 723 intercommunalités voyaient les liquidations à la fois remonter par rapport à l’année précédente mais aussi dépasser les niveaux d’avant-crise ».
Il détaille : « On retrouve beaucoup de territoires fragiles, pointés dans une étude d’Intercommunalités de France et de la Banque de France menée en 2019 et actualisée au début de la crise sanitaire : Nièvre, Allier, Cher, Meuse, Aisne, Oise, Eure, Ardennes nord, centre Bretagne… Mais cela concerne aussi des espaces normalement plus dynamiques, comme l’Ille-et-Vilaine, la Vendée, les Charentes-Maritimes, les Landes, le bassin toulousain, l’axe rhodanien et les vallées alpines ainsi que la quasi-totalité de l’Ile-de-France hors métropole du Grand Paris. »
Intercommunalités de France qui vient de renouveler son partenariat avec la Banque de France devrait publier une nouvelle actualisation de son étude début 2024.
Thèmes abordés