Il y a deux ans, le secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu, annonçait une refondation de la politique d’accueil, d’hébergement et d’insertion. Il posait un principe novateur, la politique du « logement d’abord ».
La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) a adhéré à cette stratégie. Elle est convaincue que cela peut améliorer la prise en charge des personnes en situation d’exclusion sociale, si celles-ci bénéficient d’un réel accompagnement vers le logement et si, une fois installées chez elles, elles jouissent de l’ensemble de leurs droits.
La Fnars a aussitôt rappelé au ministre les conditions de la réussite de cette grande réforme et n’a eu de cesse de les répéter : les personnes sans abri ou mal logées doivent être associées à l’élaboration et au suivi de la réforme ; une définition claire et partagée entre l’Etat et les acteurs associatifs de ce qu’est et de ce que n’est pas « le logement d’abord » doit être élaborée, et un pilotage et une réelle gouvernance de cette politique doivent être mis en place.
Il faut concevoir des modalités d’accompagnement social global et pluridisciplinaire, ce qui suppose de réformer les formations des travailleurs sociaux, et de faire travailler ensemble tous les partenaires.
En aucun cas, il ne peut être envisagé de fermer des places d’hébergement avant d’avoir construit ou mobilisé les logements nécessaires.
La politique du logement d’abord est une politique de long terme et ne peut être un outil de réduction des crédits dédiés à l’accueil des plus précaires. Ces changements profonds de pratiques et d’organisation demandent à la fois un projet politique clair et une perspective de travail sur la durée ; rien de tout cela ne peut se faire en quelques mois.
A la suite d’une forte interpellation des associations, l’Etat a décidé d’organiser des assises interrégionales puis nationales du « logement d’abord ». La Fnars regrette la précipitation dans laquelle se conduisent ces consultations. Sans refuser d’y participer, notre fédération tient à souligner ce déficit de pilotage et à mettre l’Etat face à ses responsabilités.
Nous attendons des choix politiques explicites, des perspectives et un calendrier sans ambiguïté. Dans le cas contraire, « le logement d’abord » apparaîtra comme un slogan masquant une volonté de réduction des dépenses sociales.
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