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Les politiques familiales

Publié le 01/03/2013 • Par Dunod Éditions • dans : Fiches de révision

Ma Gazette

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« La France est un des pays qui investit le plus en direction des familles. Son droit social est très familiarisĂ© et la notion mĂŞme de famille campe en bonne place des valeurs des Français et des points de rĂ©fĂ©rence des responsables politiques(1). Â»

L’ACTUALITÉ SOCIALE n’a pas dĂ©menti, ni trahi les propos de Julien Damon, au regard de la place prĂ©pondĂ©rante de la famille depuis 1998. Elle a concentrĂ© toute l’attention du Parlement au point que l’inflation lĂ©gislative qui la caractĂ©rise n’a pas d’égal. Parmi la somme des raisons plausibles : un taux de natalitĂ© constant et un besoin de « mise en conformitĂ© Â» entre la famille (ou plus exactement les familles) et le droit. En ce sens, la massification du concubinage et des familles monoparentales, l’évolution de la procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e (PMA) et l’adoption participent – pour ne citer que ces exemples – Ă  cette adaptation du Code civil. Par ailleurs, les besoins d’aide Ă  l’accueil d’un enfant et les prestations sociales n’ont pas Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©s par les acteurs publics.

Avant d’aborder l’évolution des politiques publiques en faveur de la famille, il est opportun d’en cerner les donnĂ©es sur la focale qui nous intĂ©resse. En 1999, l’Insee indique que pour la quatrième annĂ©e consĂ©cutive, le nombre de naissances dĂ©passe la barre des 730 000 par an. L’âge moyen de la maternitĂ© est alors de 29,3 ans. 285 000 mariages ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©s en 1999 (contre 416 000 en 1972), l’âge moyen des femmes se mariant Ă©tant de 27,7 ans et celui des hommes de 29,8 ans. Dix ans plus tard, l’Institut national des Ă©tudes dĂ©mographiques (Ined)(Population et sociĂ©tĂ©s n° 465, mars 2010.) observe qu’en 2009, l’âge moyen de la maternitĂ© passe le seuil des 30 ans. Enfin, la nature des liens s’est elle aussi Ă©loignĂ©e d’une supposĂ©e tradition. Le concubinage et le PACS ont contribuĂ© Ă  ce dĂ©placement. Le nombre annuel de PACS a plus que quintuplĂ©, passant de 20 000 en 2001 Ă  plus de 100 000 en 2007. Enfin, les naissances hors mariage atteignent 49,5 % de l’ensemble des naissances, contre 6 % en 1970(Population et sociĂ©tĂ©s n° 443, mars 2008.).

Pour la sociologue Irène ThĂ©ry, la dĂ©sinstitutionalisation du mariage peut s’expliquer par « l’abandon d’une valeur qui organisait le lignage […], les chefs de lignage organisaient un mariage ascendant quant Ă  la place dans la sociĂ©tĂ©(2). Â» La notion de couple s’est progressivement dĂ©tachĂ©e du mariage, l’individualisme dans le couple est venu briser la voie unique du « marcher ensemble Â». Hier, « deux faisait un, aujourd’hui un fait deux […] nous avons les problèmes de la libertĂ© et de l’égalitĂ© des sexes(3). Â» Pour Irène ThĂ©ry, l’axe du droit commun au sein de la famille, c’est Ă  prĂ©sent la filiation, cette mĂŞme filiation qui a redonnĂ© un statut aux enfants adultĂ©rins et aplani l’autoritĂ© parentale quel que soit le lien du couple.

1997-2002

Le Gouvernement Jospin va impulser une dĂ©marche rĂ©flexive sur l’évolution de la structure familiale sans nĂ©gliger l’action. Pour ce faire, il va s’approprier le rendez-vous annuel de la confĂ©rence de la famille (cf. page 47). Le PACS, le congĂ© paternitĂ© sont les mesures emblĂ©matiques de ce Gouvernement. La crĂ©ation du DĂ©fenseur des enfants et du Centre national pour l’accès des origines personnelles (CNAOP) complète des « trous d’air Â» dans l’accès aux droits des enfants et de leurs familles et concernant les pupilles de l’État. D’un point de vue juridique, la loi sur l’autoritĂ© parentale du 4 mars 2002 dĂ©finit celle-ci par « l’ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalitĂ© l’intĂ©rĂŞt de l’enfant Â» (Code civil, art. 371-1, al. 1 nouveau). L’exercice de l’autoritĂ© parentale concerne l’ensemble des familles, quels que soient l’histoire du couple et son statut. Cette mĂŞme loi inscrit dans le Code civil la rĂ©sidence alternĂ©e et lĂ©gitime le rĂ´le de la mĂ©diation familiale. Le Gouvernement Jospin n’a pas le temps de rĂ©former la procĂ©dure de divorce, malgrĂ© un dossier qu’il avait largement ouvert et amorcĂ©.

2002 – 2007

Les Gouvernements Raffarin et de Villepin poursuivent les chantiers en cours par l’instance phare de la ConfĂ©rence de la famille, mais la dĂ©marche est plus atone que celle du Gouvernement prĂ©cĂ©dent. Cependant, un important arsenal lĂ©gislatif ponctue cette pĂ©riode, qui souvent rĂ©sulte de travaux dĂ©jĂ  largement balisĂ©s antĂ©rieurement :

  • crĂ©ation de l’Observatoire national de l’enfance en danger (Oned) en 2004 ;
  • loi relative au divorce (2004) ;
  • loi sur les assistants familiaux (2005) ;
  • loi sur l’adoption (2005) ;
  • loi rĂ©formant la protection de l’enfance (2007).

2007-2012

La rupture – terme d’emprunt à cette équipe – est adaptée dans son rapport à la famille et s’illustre au moins à trois niveaux.

  • Le gouvernement Fillon 1 s’exonère d’un ministre de la famille. Ce dĂ©ficit peu banal est rectifiĂ© avec la nomination dix mois plus tard (mars 2008) de Nadine Morano au poste de secrĂ©taire d’État Ă  la famille (et Ă  la solidaritĂ© Ă  partir de mars 2009).
  • La ConfĂ©rence de la famille active depuis plus de 10 ans est supplantĂ©e par le Haut conseil Ă  la famille. Est-ce une dĂ©marcation politique et/ou une volontĂ© de rendre justice Ă  la branche famille de la sĂ©curitĂ© sociale ? En effet, celle-ci Ă©tait la seule Ă  ne pas disposer d’une instance prospective.
  • Le regard sur la famille semble exclusivement portĂ© vers la responsabilitĂ© parentale. La dĂ©linquance des mineurs (cf. fiche 16) est l’occasion de modifier l’ordonnance de 1945 et d’étoffer le dispositif pĂ©nal. L’échec du contrat de responsabilitĂ© parentale (cf. page 50) faisant suite aux Ă©meutes de 2005 est en partie compensĂ© par la rĂ©activation de la suppression des allocations familiales en 2010.

1. LA CONFÉRENCE DE LA FAMILLE

Présidée annuellement par le Premier ministre au mois de juin, la Conférence de la famille – en application de la loi du 25 juillet 1994 mais effective seulement en 1996 – affirme son assise durant la décennie 1996-2006.

Point d’ancrage de la politique familiale (en particulier Ă  partir de 1998) le rendez-vous est crucial pour chaque Gouvernement. Il s’agit de rĂ©pondre par des mesures concrètes et rapides aux besoins des mĂ©nages, en termes de mode de garde, d’évolution du droit de la famille, d’aide financière Ă  l’éducation…

Pour ce faire, la dĂ©marche est souvent la mĂŞme : un thème, des groupes de travail, une confĂ©rence et des annonces relayĂ©es par la presse. Avec un impact variable, chaque confĂ©rence va dĂ©verser son lot de mesures : extension de l’allocation de rentrĂ©e scolaire pour les familles avec un enfant, congĂ© pour enfant gravement malade, congĂ© de paternitĂ©, prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE)…

Malgré une maladresse en juin 1997, le Gouvernement Jospin sera réellement le premier à se saisir du rendez-vous annuel de la Conférence de la famille. En effet, à peine installée, l’équipe de Lionel Jospin, par la voix de Martine Aubry, ministre des affaires sociales, propose la mise sous conditions de ressources des allocations familiales (loi n° 97-1164 du 19 décembre 1997). Alain Juppé, dans le cadre de la réforme de la sécurité sociale en 1996 avait sans succès tenté cette réforme. En 1997, les réactions des associations familiales sont légion, une telle remise en question de l’aide à l’éducation ne pouvant se faire sans concertation préalable. La mesure est annulée un an plus tard (loi n° 98-1194 du 23 décembre 1998).

Est-ce pour Ă©viter une nouvelle cacophonie ou dĂ©convenue que plusieurs rapports seront commandĂ©s pour engager les discussions des confĂ©rences de 1998 et 1999 ? Pour autant, l’avis des experts est très sĂ©lectif, il vise principalement la rĂ©forme du droit de la famille. Il s’agit de rĂ©pondre au glissement qui s’opère dans la sociĂ©tĂ© entre la famille et les familles. Les nouvelles formes d’accouplement (concubinage, familles recomposĂ©es) doivent conduire Ă  une nouvelle prise en compte des droits parentaux et de la protection de l’enfance. Sur cette thĂ©matique, Irène ThĂ©ry, sociologue et Françoise Dekeuwer-Defossez, professeur de droit privĂ©, remettront chacune un rapport(4) sur l’évolution du droit de la famille. Le premier remis en 1998 et intitulĂ© Couple, filiation et parentĂ© d’aujourd’hui. Le droit face aux mutations de la famille et de la vie privĂ©e, comprend 135 propositions, parmi lesquelles :

  • allĂ©ger la procĂ©dure de divorce : lorsque le couple est en mesure d’envisager une sĂ©paration sereine, elle pourrait se dĂ©rouler sans recours Ă  un juge, ni mĂŞme Ă  un avocat ;
  • aligner les droits des concubins sur ceux des couples mariĂ©s ;
  • accorder au beau-parent de pouvoir « accompagner tous les actes usuels relatifs Ă  la surveillance et l’éducation de l’enfant. Il importe que les repères qui ont Ă©mergĂ© depuis deux dĂ©cennies dans l’ombre de la vie privĂ©e trouvent aujourd’hui une forme de reconnaissance sociale Â» ;
  • supprimer l’accouchement sous X ;
  • Ă©largir les possibilitĂ©s d’adoption pour les concubins hĂ©tĂ©rosexuels ;
  • reconnaĂ®tre les droits sociaux et fiscaux des couples homosexuels.

Si l’idée de divorcer sans juge n’a jamais été retenue, reconnaissons à Irène Théry, une justesse et une pertinence quant à la proposition d’un statut des beaux-parents. En novembre 2006, soit huit ans plus tard, Dominique Versini, défenseure des enfants, évoque une telle piste par la création d’un mandat d’éducation ponctuel, pour clarifier et surtout maintenir les liens avec les beauxparents et les grands-parents en cas de séparation.

Un an plus tard, le 12 septembre 1999, Élisabeth Guigou, ministre de la justice se voit remettre le rapport de Françoise Dekeuwer-Defossez, RĂ©nover le droit de la famille : propositions pour un droit adaptĂ© aux rĂ©alitĂ©s et aux aspirations de notre temps. Le groupe de travail formule des propositions sur l’égalitĂ© et la sĂ©curitĂ© des filiations, l’autoritĂ© parentale et la modernisation des procĂ©dures de divorce. Le groupe demande l’abrogation des restrictions lĂ©gales aux droits successoraux des enfants adultĂ©rins et prĂ©conise aussi le statut de tiers.

Avec une cohérence peut-être volontaire, le vote du PACS en octobre 1999 (loi du 15 novembre 1999) clôt, du moins pour cette période, le délicat dossier des nouvelles formes d’accouplement et les droits afférents. Les répercussions des rapports de mesdames Théry et Dekeuwer-Defossez ré-apparaîtront ultérieurement avec la loi sur l’autorité parentale (2002) et sur le divorce (2004).

Après le droit de la famille, les confĂ©rences de 2000, 2001 et 2003 se consacrent Ă  la petite enfance. En tĂ©moigne d’abord celle du 15 juin 2000, durant laquelle 3 milliards de francs sont dĂ©gagĂ©s pour augmenter le nombre de places en crèche, amĂ©liorer les conditions d’accueil et les aides aux familles les plus modestes face aux frais de garde. D’autre part, deux mesures voient le jour pour aider les femmes Ă  retrouver un travail après un congĂ© pour Ă©lever leurs jeunes enfants :

« Une prime […] destinĂ©e aux femmes en difficultĂ©, versĂ©e […] soit au moment de la reprise d’un emploi […] soit aussi lors d’une entrĂ©e en formation ou de la crĂ©ation d’entreprise, pour leur permettre d’organiser la garde de leur enfant Â» et « un dispositif permettant le cumul temporaire de l’APE (allocation parentale d’éducation) et d’un salaire(5). Â»

En 2001, l’annonce de la création du congé paternité par Ségolène Royal est l’une des dernières mesures du Gouvernement Jospin (cf. fiche 11).

En 2003, Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, annonce dix mesures en faveur des familles, dont :

  • une prime de 800 euros Ă  la naissance ;
  • la crĂ©ation de la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) remplace en grande partie les prestations existantes ;
  • un « plan crèche Â» de 20 000 places supplĂ©mentaires.

Le 29 juin 2004, le Premier ministre et la nouvelle ministre de la famille et de l’enfance (Marie-José Roig) animent la Conférence de la famille consacrée à l’adolescence. Les mesures afférentes sont modestes, se traduisant par la généralisation des Maisons des adolescents, l’instauration d’un entretien de santé personnalisé en classe de 5e et la mise en place de 500 formations annuelles sur l’adolescence à destination des médecins généralistes et des travailleurs sociaux.

Le 22 septembre 2005 Ă  Matignon, la journĂ©e annuelle consacrĂ©e Ă  la famille s’attelle Ă  la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle et la protection des jeunes sur Internet. Le Premier ministre annonce la rĂ©forme du congĂ© parental (rĂ©duction de la durĂ©e mais augmentation de l’allocation), de l’allocation de prĂ©sence parentale, le doublement du crĂ©dit d’impĂ´t pour les frais de garde des enfants Ă  domicile pour les moins de 6 ans et l’élargissement des avantages de la carte famille nombreuse (grande distribution, loisirs, culture…).

Sans le savoir, Dominique de Villepin prĂ©side le 3 juillet 2006, la dernière ConfĂ©rence de la famille, dont le thème porte sur les liens intergĂ©nĂ©rationnels(6). L’aide aux aĂ®nĂ©s se voit doter d’un congĂ© pour soutien familial destinĂ© aux 300 000 aidants familiaux. D’une durĂ©e de trois mois, renouvelable quatre fois. Ce congĂ© non rĂ©munĂ©rĂ© ne peut ĂŞtre refusĂ© par l’employeur, les cotisations pour l’assurance maladie et la retraite sont Ă  la charge de l’État. Depuis mars 2010, une allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie (AJAP) a vu le jour (cf. fiche 19).

En juin 2007, la Conférence de la famille n’a pas lieu, le nouveau chef de l’État laisse entendre sa préférence pour une autre instance. C’est le cas, le 30 octobre 2008, avec la création par décret (décret n° 2008-1112 du 30 octobre 2008, JO du 31 octobre 2008) du Haut conseil de la famille (HCF). Il a pour mission d’animer le débat public sur la politique familiale, en particulier la définition, la conciliation et la hiérarchisation de ses objectifs essentiels. Il est chargé de formuler des recommandations ou des avis et de proposer des réformes. Il doit également mener des réflexions sur le financement de la branche famille de la sécurité sociale et son équilibre financier au regard des évolutions sociales, économiques et démographiques. Au moins une réunion annuelle est prévue par le HCF, qui remplace la Conférence de la famille, le secrétariat étant assurée par la délégation interministérielle à la famille.

2. LE CONTRÔLE DES FAMILLES

La ConfĂ©rence de la famille, conçue comme une adaptation permanente de l’aide aux parents et aux professionnels de l’enfance et de l’adolescence, n’a pas empĂŞchĂ© parallèlement une approche rĂ©pressive Ă  l’encontre des parents jugĂ©s « dĂ©missionnaires Â» ou considĂ©rĂ©s comme passifs face aux agissements de leurs progĂ©nitures.

3. LE CONTRAT DE RESPONSABILITÉ PARENTALE

Au sortir des émeutes urbaines de novembre 2005, Dominique de Villepin crée par la loi sur l’égalité des chances (31 mars 2006), le contrat de responsabilité parentale (CRP) dont la compétence relève du Président du conseil général. Les parents peuvent se voir rappeler leurs droits et le cas échéant, se voir proposer un soutien et un accompagnement social. Sa non-signature sans motif légitime ou le non-respect des engagements pris peuvent être sanctionnés, notamment par une suspension des allocations familiales.

Les faits pouvant amener le PrĂ©sident du conseil gĂ©nĂ©ral Ă  proposer Ă  une famille un contrat de responsabilitĂ© parentale sont :

  • l’absentĂ©isme scolaire ;
  • le « trouble portĂ© au fonctionnement d’un Ă©tablissement scolaire Â» ;
  • « toute autre difficultĂ© liĂ©e Ă  une carence de l’autoritĂ© parentale Â».

Le non-respect du contrat peut conduire Ă  trois types de mesures :

  • une amende ;
  • une mesure judiciaire d’aide Ă  la gestion du budget familial (MJAGBF : nouvelle appellation de la mise sous tutelle des prestations familiales) ;
  • la suspension des allocations familiales ou du complĂ©ment familial jusqu’à 12 mois maximum. La rĂ©troactivitĂ© peut ĂŞtre prononcĂ©e en fonction de l’évolution de la situation. Rappelons que la suspension des allocations familiales avait Ă©tĂ© abrogĂ©e en 2004.

Très vite, le contrat de responsabilitĂ© parentale est un Ă©chec pour deux raisons : sa conception rĂ©pressive et (très) technique et la gouvernance des conseils gĂ©nĂ©raux majoritairement Ă  gauche.

Le 28 mars 2010, Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, dĂ©nonçant un dispositif « qui ne fonctionne pas(7) Â» prĂ©cise une prochaine modification de la loi, transfĂ©rant la signature du CRP du PrĂ©sident du conseil gĂ©nĂ©ral au prĂ©fet. Entendons par lĂ  que, si pour le premier l’application est facultative, pour le second, elle sera impĂ©rative en tant qu’agent de l’État.

Un an après le CRP, la loi relative Ă  la prĂ©vention de la dĂ©linquance (5 mars 2007) permet aux maires de crĂ©er, après validation par l’assemblĂ©e municipale, un Conseil pour les droits et les devoirs des familles (CDDF). Par ce dernier et sous la prĂ©sidence de l’édile, les familles subissent un rappel Ă  l’ordre ou sont enjointes de respecter l’une des mesures proposĂ©es (mesure d’accompagnement en Ă©conomie sociale et familiale, contrat de responsabilitĂ© parentale). Qui plus est, ce texte de loi installe le maire, comme destinataire des donnĂ©es de l’Éducation nationale, de la police, de la gendarmerie et du Parquet. MĂŞme les travailleurs sociaux sont dans l’obligation, au nom du partage de l’information, d’indiquer les situations de risques de dĂ©linquance de mineurs repĂ©rĂ©s comme prĂ©occupants. Dans ce cas, l’élu peut nommer un coordinateur parmi les travailleurs sociaux intervenant auprès de la famille. Ces deux seuls aspects de la loi ont suffi Ă  faire rĂ©agir les Ă©lus locaux, peu disposĂ©s Ă  jouer les « pères fouettards Â» et les travailleurs sociaux, dont la dĂ©ontologie se voyait mise Ă  mal.

LĂ  encore, l’efficacitĂ© de la loi est mince, d’autant plus que dans le cas prĂ©sent, ce n’est pas une des mesures qui est « snobĂ©e Â» par les Ă©lus, mais l’ensemble de la loi. Devant l’échec de cette dernière et les rĂ©sistances (35 CDFF créés en deux ans et demi), le Gouvernement riposte en octobre 2009 par un plan triennal (2010-2012) de prĂ©vention de la dĂ©linquance et d’aide aux victimes. Parmi les 50 mesures, celles liĂ©es au partage de l’information sont les suivantes(8) :

  • Ă©laborer en liaison avec le conseil supĂ©rieur du travail social (CSTS), une charte dĂ©ontologique type pour le partage de l’information nominative dans le respect du secret professionnel ;
  • dĂ©cliner cette charte type au niveau dĂ©partemental ;
  • constituer, au plan national, une Ă©quipe pluridisciplinaire de soutien et d’appui aux maires : animĂ©e par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© interministĂ©riel de prĂ©vention de la dĂ©linquance, cette Ă©quipe intervient sur l’ensemble du territoire national pour conseiller les maires dans la mise en place du partage de l’information nominative dans le respect du secret professionnel.

De son cĂ´tĂ©, le conseil national des villes (CNV) rendant public un avis(9), le 12 mars 2010 sur l’application difficile de cette loi, exprime son point de vue sur le conseil pour les droits et les devoirs des familles. Pour le CNV, cette procĂ©dure est redondante et participe des « risques de confusion des autoritĂ©s Â», rappelant que le PrĂ©sident du conseil gĂ©nĂ©ral dispose d’une large palette d’actions possibles concernant l’accompagnement social et familial. Enfin, s’agissant du rappel Ă  l’ordre, est-ce de la compĂ©tence d’un maire ?

En septembre 2010, une loi instaure la suppression des allocations familiales selon trois paliers : avertissement, suspension de l’allocation et suppression en cas de poursuite de l’absentĂ©isme scolaire. Les premières donnĂ©es Ă©manant de la caisse nationale des allocations familiales (CNAF) font Ă©tat de 472 allocataires concernĂ©s sur une pĂ©riode de 14 mois pour 12 millions d’enfants scolarisĂ©s. Le 23 mai 2012, le nouveau Premier ministre Ă©voque une remise en question de la loi au terme d’une Ă©valuation du dispositif. Le 25 octobre 2012, le SĂ©nat Ă©tudie au titre d’une proposition de loi, l’annulation des sanctions financières prĂ©vues dans la loi dite Ciotti du 28 septembre 2012.

Mettez toutes les chances de votre côté

Thèmes abordés

Notes

Note 01 Julien Damon, in Serge Paugam (dir.), Les politiques familiales en enjeux, Repenser la solidarité, Le lien social, PUF, janvier 2007. Retour au texte

Note 02 « Faire famille aujourd’hui Â» XVe journĂ©es d’étude de pratiques sociales, novembre 2009, Paris. Retour au texte

Note 03 Ibid. Retour au texte

Note 04 Parallèlement, quatre rapports consacrĂ©s aux politiques familiales sont rendus Ă  cette pĂ©riode : Pour une politique globale de la famille, H. Gisserot ; Politique familiale : bilan et perspectives de Claude ThĂ©lot ; Pour une politique de la famille rĂ©novĂ©e de Dominique Gillot ; La prĂ©vention et la prise en charge des grossesses adolescentes de Michèle Uzan. Retour au texte

Note 05 La lettre du Gouvernement n °91 du 29 juin 2000. Retour au texte

Note 06 Les deux thèmes des travaux prĂ©paratoires Ă©taient « La famille, espace de solidaritĂ© entre gĂ©nĂ©rations Â» et « la sociĂ©tĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle au service de la famille Â». Retour au texte

Note 07 « Suspension des allocations familiales : le gouvernement en appelle Ă  la loi Â» in Le Monde du 1er avril 2010. Retour au texte

Note 08 Plan national de prĂ©vention de la dĂ©linquance et d’aide aux victimes 2010 – 2012 – octobre 2009. Disp. www.prevention-delinquance.interieur.gouv.fr Retour au texte

Note 09 Disponible sur www.ville.gouv.fr/infos/cnv/ Retour au texte

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