ExpĂ©rimentĂ© dans l’urgence du confinement, le tĂ©lĂ©travail a conquis de nombreux employĂ©s. Lesquels vantent aujourd’hui ses bĂ©nĂ©fices individuels mais Ă©galement ses gains environnementaux, liĂ©s notamment Ă la rĂ©duction du temps de dĂ©placement. De fait, le tĂ©lĂ©travail a un bilan global favorable confirme l’Ademe (Agence de la transition Ă©cologique), qui a enquĂŞtĂ© auprès de 26 organisations françaises reprĂ©sentant 350 000 salariĂ©s. Mais les changements de comportements des individus et de leurs employeurs ne se limitent pas Ă la seule question des dĂ©placements. Certaines tendances peuvent amplifier les gains environnementaux mais d’autres peuvent les attĂ©nuer, prĂ©vient l’agence.
Réappropriation des services et commerces de proximité.
De son enquĂŞte, ressort clairement la volontĂ© des tĂ©lĂ©travailleurs d’en profiter pour « ne pas prendre de transport/voiture » et ainsi « se dĂ©placer Ă pied », « se recentrer sur leur quartier, sur les commerces de proximitĂ© » et « sur une consommation plus locale ». Mais Ă moyen terme, ces derniers pourraient Ă©galement s’éloigner davantage de leur lieu de travail, ce qui permettrait d’étendre les bassins de recrutement pour les employeurs.
L’Ademe a tout de mĂŞme pris soin d’analyser les impacts environnementaux de ces Ă©loignements potentiels et notamment le nombre de jours de tĂ©lĂ©travail nĂ©cessaires pour les compenser. Par exemple, un salariĂ© choisissant de dĂ©mĂ©nager en milieu rural devrait ainsi tĂ©lĂ©travailler 3 jours par semaine pour avoir un impact environnemental moindre que le salariĂ© de rĂ©fĂ©rence. Par ailleurs, l’Ademe insiste sur l’importance pour les pouvoirs publics de maintenir une offre de transports en commun attractive pour Ă©viter les reports modaux de ceux qui ne tĂ©lĂ©travaillent pas.
Des bĂ©nĂ©fices pour l’entreprise
Du point de vue des employeurs, le tĂ©lĂ©travail apporte Ă©galement des bĂ©nĂ©fices, notamment au regard des moindres besoins en immobilier. En mixant tĂ©lĂ©travail et flex office (absence de bureau attitrĂ© dans les locaux), ils pourraient amĂ©liorer sensiblement la balance environnementale globale du tĂ©lĂ©travail : de +52 % par jour de tĂ©lĂ©travail hebdomadaire (1), selon l’Ademe. Elle note, enfin, que le tĂ©lĂ©travail rĂ©duit les consommations de « bureaux » (papier, encre, fournitures, gobelets, dĂ©coration, vidĂ©oprojecteurs, etc.) et les consommations Ă©nergĂ©tiques de l’employeur mĂŞme si certaines sont reportĂ©es sur le tĂ©lĂ©travailleur.
Le boom du numérique
L’Ademe constate nĂ©anmoins que certains enjeux restent Ă quantifier et clarifier car pouvant impliquer des impacts nĂ©gatifs Ă terme. Elle s’intĂ©resse notamment Ă l’augmentation de l’usage du numĂ©rique et des outils de tĂ©lĂ©communication ainsi qu’au doublement de l’Ă©quipement informatique (au domicile et au bureau) qui pourraient avoir un impact Ă©cologique significatif. Elle recommande Ă©galement d’analyser les tendances sur l’utilisation des tiers-lieux, qui pourraient avoir pour effet de maintenir des dĂ©placements rĂ©siduels et multiplier les surfaces immobilières, de mĂŞme que les extensions de logements pour disposer d’un lieu dĂ©diĂ© au tĂ©lĂ©travail. La deuxième vague de contaminations au coronavirus qui se profile permettra peut-ĂŞtre d’approfondir ces thĂ©matiques.
5 recommandations de l’Ademe
-    décourager la pratique du télétravail par journée incomplète,
-    encourager la mise en place d’un flex office organisé, sous réserve de maîtriser ses potentiels impacts sociaux,
-    promouvoir les mobilités actives ou les transports en commun pour réduire l’impact des mobilités autour du domicile du télétravailleur,
-    contenir l’étalement urbain et accroître l’offre de logements près des emplois,
-    maintenir une offre de transports en commun attractive pour les non-télétravailleurs et ainsi éviter les reports modaux.
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Notes
Note 01 (Il s'agit de l'impact global intégrant les effets rebond négatifs). Retour au texte