A Leers (9 500 hab., Nord), le maire cherche son libraire. Jean-Philippe Andriès souhaite que le « centre-ville vive, que les habitants et les personnes âgées puissent continuer à y faire leurs courses ». Alors il a proposé que l’ancienne halte-garderie devienne une librairie contre deux ans de loyer pris en charge par la commune. Mais, pour l’instant, pas de repreneur. Un local trop petit, sans doute, mais, surtout, une activité pas assez rentable pour un libraire. La volonté politique est là, mais la dure réalité des 3 200 librairies indépendantes aussi, qui subissent la concurrence des grandes surfaces culturelles et de la vente en ligne. De 12 000 à 13 000 emplois sont ainsi concernés.
Maquis juridique
C’est pourquoi, à la faveur d’une proposition de loi, la sénatrice de l’Essonne Laure Darcos a préconisé, en 2018, que les communes notamment puissent subventionner les librairies au même titre que les cinémas d’art et d’essai, comme le permet la loi « Sueur » de 1992. Cette proposition de loi « tendant à renforcer le soutien des collectivités territoriales aux librairies indépendantes labellisées [LIR] » vise à autoriser les communes, leurs groupements et les départements, à attribuer des aides aux librairies indépendantes labellisées, dans la limite d’un montant maximal de 30 % du chiffre d’affaires. Une initiative parlementaire restée sans suite, mais ce n’est peut-être que partie remise, selon la sénatrice qui a eu le mérite de pointer une question récurrente : de quels moyens disposent les communes pour aider un libraire, si elles ne peuvent directement subventionner son commerce ? Cela a tout « d’un maquis juridique », note Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF), qui reçoit des appels de maires.
Par le biais de la Semaest, l’une de ses sociétés d’économie mixte, la ville de Paris préempte des baux commerciaux. Certaines mairies choisissent d’acheter un local et d’accueillir une librairie moyennant un loyer préférentiel. C’est souvent une question de survie des commerces de centre-bourg dans des petites et moyennes communes. Tel est le cas à Bonneville (12 700 hab., Haute-Savoie), où le dénouement a été plus heureux qu’à Leers. Sophie Wilhelm a en effet pu y ouvrir sa librairie en 2018, en bénéficiant « d’un loyer peu élevé ».
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