Il faudra attendre la fin de l’année pour savoir avec exactitude le panier de ressources fiscales à la disposition des maires et candidats aux prochaines municipales. Devant les députés, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des comptes publics, a confirmé que la réforme de la fiscalité locale ne sera pas définie d’ici la fin juin dans une loi rectificative, mais insérée dans la loi de finances pour 2020.
Cette énième reculade montre que l’enjeu n’est pas simple et que le rapport Richard-Bur n’a pas réglé la question du champ des possibles, désormais semé d’embûches constitutionnelle et techniques. En effet, le gouvernement s’en tient toujours à une position plus jupitérienne que Jupiter : la suppression pour tous de la taxe d’habitation (TH), quand la promesse initiale ne portait que sur 80 % des contribuables.
Et toujours plus droit dans ses bottes, il maintient aussi sa volonté de ne pas dégrever les propriétaires de résidences secondaires. En conséquence, il faudra bien garder les bases actuelles pour calculer un impôt qui ne rapportera alors guère plus de 3 milliards, sur un total de 23, le reste étant dégrevé intégralement, au moins jusqu’en 2020.
Sable fiscal mouvant
Mais après ? Gérald Darmanin a en effet déclaré devant les parlementaires que ce « dégrèvement au long cours sera remplacé à l’occasion du projet de loi de finances ». Il faut donc comprendre que la nouvelle architecture de la fiscalité locale se passera de compensation intégrale des produits de TH pour instaurer une nouvelle ressource. Sur quelle base, alors que l’actuelle doit toujours rester en vigueur pour les propriétaires de résidences secondaires ? Avec quel dynamisme ? Sur quels périmètres ? Avec quelle liberté de taux ?
Pour le moins, ces questions méritent débat. Or, quoi ? Les collectivités, qui devront en passer par des parlementaires pas toujours au fait des arcanes fiscales et financières des territoires, auront seulement quelques jours et autant de nuits pour évaluer, convaincre, faire amender des propositions gouvernementales, avant de voir défiler à une vitesse infernale les autres articles du PLF et se fermer la porte d’un débat abâtardi.
Et en attendant de voir passer dans 9 mois ce TGV fiscal, les élus locaux devront bâtir cette année un budget sans fondation, proposer un projet sans consistance, un programme sans perspective. De quoi susciter des vocations…