Quel est le secret de Vienne, qui, année après année, caracole en tête des classements (« The Economist », « Monocle », cabinet Mercer…) des villes les plus attractives ? Sans doute faut-il y voir un mode de vie de qualité, plutôt calme, où la multitude de bâtiments historiques nous renvoie l’écho d’un riche passé. La capitale de l’Autriche a su se développer tout en conservant des espaces de respiration pour ses habitants si friands de nature. A dix minutes du centre-ville, il est par exemple possible de se baigner dans le Danube. « La nature est très présente dans notre ville qui compte près de 50 % d’espaces verts », explique Kurt Puchinger, conseiller du maire, chargé du logement, lors d’un séminaire organisé par le think tank La Fabrique de la Cité en juillet dernier et intitulé « la qualité de vie au delà des labels« .
Mais le véritable point fort de Vienne est la possibilité offerte à tous ses habitants de se loger à bon prix, grâce à un immense parc de logements municipaux (on en dénombre 220 000) et à loyers modérés (200 000). Près de 80 % des habitants sont d’ailleurs locataires, les deux tiers vivant dans des logements publics. Autre avantage : ces habitations sont disséminées dans toute la ville, si bien qu’il est impossible de déterminer la classe sociale d’une personne à partir de son adresse, ce qui lève l’un des freins habituels à l’emploi.
« Cette situation est un héritage de Vienne la rouge », explique Kurt Puchinger, évoquant cette période durant laquelle, après la Première Guerre mondiale, le Parti social démocrate avait pris la tête de la mairie – s’en suivant une politique de développement massif de logements publics pour lutter contre un habitat de mauvaise qualité et permettre à tous d’avoir accès à un logement abordable. L’objectif visé était de faire en sorte que le logement ne pèse que pour 20 % du budget des ménages.
Une offre originale
« Cette politique n’a jamais été remise en question, à l’inverse des villes allemandes voisines qui ont privatisé leur parc municipal », explique Christoph Reinprecht, sociologue à l’université de Vienne. Pour autant, aujourd’hui, ce modèle est menacé. « Le prix des logements augmente sous l’effet d’une hausse du foncier, d’une raréfaction de l’offre, d’une augmentation constante du nombre d’habitants et de la pression sociale (précarisation de l’emploi, difficulté des jeunes à se loger, etc.). Ce modèle est peut-être arrivé à sa fin », s’interroge le sociologue. En réaction, la ville a décidé d’augmenter de 30 % sa production de logements, avec notamment un projet de ville nouvelle.
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Gazette des Communes
Références
Viennes, Portrait de ville, étude de la Fabrique de la cité à télécharger ici.
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