« Ces deux projets, bien qu’inégaux, marquent clairement une volonté de la profession agricole de diminuer les fuites d’azote nitrique à la rivière et à la mer côtière, ce qui est un premier point très positif. Néanmoins, ces deux projets proposent des actions dont l’ambition globale risque d’être insuffisante (…) pour in fine obtenir des résultats tangibles sur la réduction des marées vertes, » annonce le document. Ainsi, le comité estime que « les efforts entrepris aujourd’hui semblent avoir peu de chance d’aboutir aux objectifs escomptés en 2027 par le plan algues vertes, à savoir le bon état écologique des cours d’eau » (1).
Pour Lannion, un projet à 4.000 euros à l’hectare
Le projet de Lannion Trégor Agglomération prévoit de changer les pratiques culturales des éleveurs de bovins du secteur en les faisant passer à un système herbager semi-extensif.
Ce projet implique un remembrement agricole, la généralisation des contractualisations tripartites entre agriculteurs, collectivités et Etat, la création d’une banque de fourrages, la reconquête des zones humides (qui favorisent la dénitrification naturelle de l’eau).
Cher, il coûterait 4.000 euros à l’hectare.
Le comité lui délivre « un avis globalement positif compte tenu de la réelle dynamique territoriale qui a été initiée » en l’invitant à corriger le diagnostic de territoire et à hiérarchiser le plan d’actions en fonction du rapport coût-efficacité.
Cohérence du projet de Saint-Brieux » peu apparente »
En amont de la baie de Saint-Brieuc, le contexte est différent en ce que l’élevage y est intensif et les industries agro-alimentaires fondent l’économie locale.
Le plan de lutte proposé par le pays prévoit un développement des unités de méthanisation de lisier (individuelles ou collectives) et d’importants investissements dans les bâtiments agricoles afin de limiter les effluents d’élevage (racleur sous caillebotis, litière). « Ce projet de la baie de Saint Brieuc s’appuie sur un diagnostic assez sommaire car trop global, déplore le comité scientifique. La présentation du dossier est trop générale et insuffisamment explicite sur la réalité des actions et leur contrôle. Sa cohérence est peu apparente. (…) Le budget demandé semble excessif (124,5 millions d’euros en 5 ans) eu égard à l’enveloppe globale de 134 millions d’eurosaccordée sur 5 ans par l’Etat pour traiter les 8 principales baies bretonnes à marées vertes. (…) Pour certaines actions, le rapport coût-efficacité apparaît très élevé. » Le comité regrette encore « un projet trop conventionnel qui ne se place pas d’emblée dans la nécessité de la mise en place d’un nouveau modèle agricole » et « suggère aussi de passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats ».
«Ne pas brutaliser les agriculteurs »
Jean-Claude Lamandé, vice-président de Lannion-Trégor Agglomération, chargé des bassins versants
« Nous sommes heureux que le comité scientifique ait validé notre projet. Notre idée de départ passe par un changement des pratiques culturales, mais pour faire avancer le dossier, il ne faut pas brutaliser les agriculteurs. Le comité évalue un dossier alors que nous sommes dans la négociation de terrain. Bien sûr, nous aurions aimé aller plus loin, mais il était primordial de maintenir la cohésion du projet, l’adhésion des 194 agriculteurs du bassin versant, à quelques exceptions près. Ce projet est une première étape vers l’éradication des marées vertes. En ce qui concerne le ramassage des algues vertes, l’agglomération maintient sa plainte au Tribunal administratif. Jusqu’en 2009, le rammassage nous coûtait 20 000 euros par an ; en 2010, malgré l’aide financière de l’Etat, ça nous a coûté 147 000 euros et pour la saison prochaine, les simulations nous annoncent 5 à 700 000 euros à la charge de l’intercommunalité. C’est insupportable ! »
Références
- L’avis du comité scientifique
- La composition du comité scientifique
- Le plan de Saint-Brieuc
- Le plan de LTA
Thèmes abordés
Régions
Notes
Note 01 La directive cadre sur l’eau (2000/60/CE) impose aux Etats-membres d’atteindre le « bon état écologique des cours d’eau » en 2015, tout en leur accordant deux reports de six ans renouvelables, portant l’échéance à 20271 Retour au texte