Pour la troisième année consécutive, les réservations d’hébergements marchands ont progressé en Ardèche – plus de 5 % l’an dernier. Non pas durant les deux mois d’été, saturés depuis longtemps, mais sur les « ailes de saison ». Ces mois d’avril, de mai, de septembre et d’octobre, jusqu’ici peu attractifs pour les touristes qui associent ce département rural aux loisirs de plein air. Mais depuis avril 2015, date à laquelle la caverne du Pont-d’Arc, reproduction de la grotte Chauvet, a ouvert ses portes, la donne a changé. Un soulagement pour les élus locaux qui, une fois la rentrée passée, voyaient leur territoire se vider de ses touristes. Et surtout un encouragement à capitaliser encore plus sur le patrimoine pour s’assurer des ressources. « Il faut que les collectivités s’engagent à développer d’autres lieux de tourisme patrimonial et culturel. La caverne est un premier pas, elle amène une clientèle qui semble pérenne puisque sa fréquentation se maintient, mais elle n’a pas véritablement d’impact sur la durée des séjours. Nous devons donc aller plus loin et proposer des offres complémentaires pour bénéficier d’un tourisme plus durable », analyse Max Thibon, président de la communauté de communes (CC) des gorges de l’Ardèche (20 communes, 14 800 hab.). Pour relever le défi, il mise beaucoup sur le projet labellisé « Grand Site de France » de la combe d’Arc, qui donnerait plus de visibilité au patrimoine historique et naturel du sud-Ardèche. Pour l’heure, les collectivités s’attachent à le parfaire, à l’aune de l’expérience acquise avec la caverne du Pont-d’Arc. « Plutôt que d’aménager beaucoup d’espaces de stationnement autour de la caverne, nous aurions dû développer un système de navettes au départ des villages environnants afin que les restaurants et les hébergeurs profitent plus des retombées du site et que les touristes aient envie de rester plus longtemps en découvrant d’autres lieux et paysages », note Max Thibon.
L’enjeu de la durée des séjours
De l’Ardèche méridionale à la vallée de la Loire en passant par les villes du Débarquement, tous érigent le temps de séjour en graal. Car s’il est acquis que le patrimoine est prisé des touristes, son attractivité ne profite pas assez longtemps aux territoires. « Les touristes sont chaque année plus de 400 000 à venir visiter le Mémorial. Beaucoup viennent ou vont ensuite sur les plages du Débarquement, mais ce parcours s’inscrit sur de courtes durées, y accordant parfois un temps de passage sur le chemin d’une autre destination ou une ou deux journées. De fait, très rares sont ceux qui visitent le centre-ville de Caen lorsqu’ils se rendent au Mémorial », regrette Emmanuelle Dormoy, adjointe au maire de Caen (109 000 hab.), chargée de la culture et des monuments historiques. Le constat est identique à Colleville-sur-Mer (180 hab.), où des milliers de visiteurs défilent chaque année, plus exactement chaque été, dans les allées du cimetière américain, sans aucun impact, ou presque, sur l’économie locale.
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