«Jeter de l’argent sur des problèmes ne les résout pas nécessairement», affirme le directeur du développement au ministère italien des Finances, Fabrizio Barca, dans un entretien accordé à la rédaction tchèque d’EurActiv.
«Si l’on ne s’occupe pas des exigences institutionnelles ou de la capacité de l’administration locale [pour dépenser l’argent], non seulement les fonds n’aideront pas, mais en plus, ils pourront être nuisibles», a-t-il averti.
L’économiste italien est l’un des experts les plus influents dans le domaine de la politique régionale. Il est l’auteur d’un rapport très remarqué sur l’avenir de la politique de cohésion, publié en avril 2009. La Commission s’est largement inspirée de ce document pour formuler ses propositions.
Barca critique principalement le manque d’objectifs quantifiables dans la politique actuelle. Il affirme que l’on ne dispose pas de données pour mesurer l’impact de la politique de cohésion sur le bien-être des citoyens dans les régions européennes. Dans certains cas, l’argent européen profite à ceux qui ont déjà gaspillé des fonds publics, au détriment de porteurs de projets innovants, estime-t-il.
«Je ne dis pas que de telles pratiques sont répandues, mais nous avons besoin de faire le point sur les conditions auxquelles les fonds sont déboursés», ajoute M. Barca.
Objectifs et conditions – Pour Fabrizio Barca, la Commission européenne a raison de proposer de soumettre les Etats membres à des objectifs ambitieux. De tels objectifs exigent que certains pays de l’UE réforment leurs législations nationales et leurs pratiques, afin de mieux dépenser les fonds.
«Selon la proposition de la Commission, chaque Etat membre disposera de ses propres objectifs mesurables», a-t-il affirmé. «Tous les ans, chaque pays devra préparer un rapport dans lequel il fera état de ses progrès, de leur rythme, ainsi que des raisons qui l’ont empêché, si c’est le cas, d’atteindre ses objectifs.»
Si un Etat n’atteint pas les objectifs qu’il avait adopté, en accord avec la Commission, Barca considère que les subventions issues des fonds structurels doivent être suspendues. «La politique de cohésion est financée par les contribuables européens. Il faut donc s’assurer que les fonds sont bien utilisés», affirme-t-il. «Si c’est nécessaire, un Etat membre doit pouvoir effectuer un changement institutionnel pour mieux utiliser les fonds.»
En revanche, Barca n’est pas favorable à ce que l’UE impose des sanctions financières ou des pénalités aux Etats membres qui ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs.
Il est également sceptique sur l’instauration d’une «réserve de performance», voulue par la Commission. Bruxelles propose de verser un bonus financier aux régions les plus vertueuses.
Enfin, Fabrizio Baraca propose la création d’un conseil des ministres européens en charge de la Politique régionale. Aujourd’hui, cette formation du Conseil n’existe pas, même si la politique de cohésion représente plus de 40% du budget européen. Fabrizio Barca reprend ainsi l’une des propositions phares de son rapport d’avril 2009.
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