Une ministre tout juste nommée Rue de Valois, qui plus est, éditrice de son état : le contexte avait de quoi mobiliser l’attention des congressistes, et susciter pas mal d’espoirs en matière d’évolutions des politiques culturelles. Venue rencontrer pour la première fois les professionnels de la lecture publique à l’ouverture du congrès, Françoise Nyssen a livré un vibrant plaidoyer pour la lecture publique, estimant que la France est en « état d’urgence culturelle » et que les bibliothèques sont « le fer de lance de la reconquête culturelle à mener. »
Amplifier l’existant
Dans son discours , la ministre a annoncé quelques initiatives pour porter le débat sur le rôle culturel et social des bibliothèques et la question de l’extension de leurs horaires d’ouverture.
Pour le reste, la nouvelle locataire de la Rue de Valois a clairement indiqué que l’heure n’était pas à l’élaboration de nouveaux dispositifs, mais que sa politique en faveur des bibliothèques consisterait à «amplifier les multiples initiatives formidable » existantes.
Faut-il une loi sur les bibliothèques ?
Françoise Nyssen ne s’est pas non plus exprimée sur la question de savoir s’il fallait, ou pas, une loi sur les bibliothèques, idée qui a resurgit en 2016, et sur laquelle débattent les professionnels.
De quoi décevoir une partie d’entre eux qui attendaient une prise de position claire, alors que le Service du livre et de la lecture planche avec des juristes de l’ENS de Cachan sur le sujet, en vue d’un arbitrage dans les mois à venir. L’absence de la problématique du droit d’auteur et du droit de prêt numérique dans son intervention a également suscité une pointe de déception.
L’éventualité d’une loi à venir (sous forme de projet ou de proposition de loi) a donné lieu à un débat éclairé par des juristes. Il a permis de mieux cerner les enjeux, les avantages et limites qu’aurait un texte consacré aux bibliothèques. La question de savoir s’il faut une loi, et ce qu’il faudrait y mettre est encore loin d’être tranchée. Même si le dossier est désormais sur le bureau de la ministre, dont la décision s’annonce très attendue.
De gauche à droite, Noé Wagener (Biblidroit), Cyril Clavel (élève INET), Jane-Marie Hermann (FNCC) et Xavier Coutau (Bibiothèque départementale d’Eure-et-Loir ) débattent sur l’opportunité d’une loi sur les bibliothèques ©hg CC0
Nouveaux modes d’organisation, nouveaux services
En matière de lutte contre les inégalités, la réforme territoriale et le développement du numérique dans les équipements de lecture publique ont occupé une place importante dans les différents débats. Sur les deux sujets, l’heure est au décryptage des retours d’expérience, et les professionnels en sont au repérage des écueils et facteurs de réussite.
Le congrès 2018, prévu à La Rochelle, début juin devrait être marqué par la publication des résultats de l’étude portée conjointement par le Service du livre et de la lecture et l’ABF sur la valeur culturelle, sociale et économique des bibliothèques. La méthodologie est en cours de finalisation, en vue d’une réalisation au premier semestre 2018.
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