La possible implantation d’un parc éolien au large des côtes héraultaises met en émoi les maires des stations littorales. Six d’entre eux — les maires d’Agde, Portiragnes, Sérignan, Valras-Plage, Vendres et Vias —, accompagnés par le député UMP Elie Aboud, ont écrit le 31 août à Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, pour lui faire part de leurs « interrogations et inquiétudes » face à une telle hypothèse.
L’instance de concertation mise en place fin 2009 par le préfet de la région PACA pour identifier des zones propices à l’étude de projets éoliens sur le littoral méditerranéen a retenu en effet une zone de 180 km2 située au large des côtes languedociennes, entre Marseillan (Hérault) et Gruissan (Aude).
Cette zone devrait faire l’objet d’un prochain appel d’offres gouvernemental auprès des opérateurs éoliens.
Plusieurs d’entre eux s’intéressent déjà à cette section du littoral.
Le projet le plus avancé est porté par EDF Energies Nouvelles. A l’étude depuis 2007, il prévoit l’implantation d’une trentaine d’éoliennes au large de Cap-d’Agde et Valras-Plage. Distantes de 6 à 10 km des côtes, celles-ci occuperaient un périmètre de 20 km2 et totaliseraient une puissance de 150 MW.
Les maires des stations concernées déplorent tout d’abord de ne pas avoir été associés à la concertation engagée par l’Etat. Ils mettent également en avant l’impact d’un éventuel parc éolien sur l’attractivité touristique du littoral ouest héraultais, qui totalise une capacité d’hébergement de 460.000 personnes : « Autoriser l’implantation d’une zone de ce type face à nos stations nous fait craindre une désaffection de nos sites et une dégradation de notre environnement», écrivent les élus.
Les éoliennes flottantes : une alternative ?
Ils suggèrent la mise à l’étude de solutions alternatives « comme par exemple les éoliennes flottantes, dont l’impact environnemental serait bien moindre ». « L’implantation d’une zone industrielle à quelques kilomètres de nos côtes va détruire nos paysages et, à terme, notre économie, fondée sur le tourisme », plaide Claude Exposito, maire de Portiragnes. Plus nuancé, le maire de Sérignan, Frédéric Lacas, se dit « hostile a priori » à l’implantation d’éoliennes en mer, mais disposé à revoir sa position s’il lui était démontré qu’une telle installation serait peu visible et ne nuirait pas aux activités touristiques et conchylicoles. « Mais nous n’avons pas les tenants et les aboutissants, observe-t-il. Nous n’avons pas été consultés ! »
Importateur de la majorité de l’énergie consommée
Favorable au projet, Yves Piétrasanta, président de la communauté de communes du Nord Bassin de Thau et vice-président du conseil régional Languedoc-Roussillon, regrette lui aussi le manque de concertation. «Les maires sont vexés de ne pas avoir été pris en considération, je les comprends. Mais les positions vont évoluer. Certains sont moins hostiles aujourd’hui qu’ils ne l’ont été. Je suis convaincu que ce projet aboutira. Le Languedoc-Roussillon, qui importe la grosse majorité de l’énergie qu’il consomme, ne peut pas négliger l’apport de l’énergie éolienne».
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