L’initiative soutenue par le conseil général de l’Essonne met en lumière une problématique encore méconnue, celle des mineurs vivant avec un parent malade, appelés à les soutenir, à gérer les taches quotidiennes, voire même à prodiguer des soins, au même titre que les autres aidants naturels. « En France, ces cas de figure sont invisibles et non comptabilisés alors qu’en Allemagne ou en Grande-Bretagne, ils sont bien identifiés », souligne Françoise Ellien, directrice du réseau de santé SPES spécialisé dans les soins palliatifs sur le territoire du sud de l’Essonne. « Nous estimons à environ 300 000 le nombre de jeunes âgés de 8 à 20 ans vivant avec un parent, ascendant ou frère et sœur, malade ou handicapé sur les 8, 3 millions d’aidants », poursuit-elle. Intervenant à domicile, les professionnels de santé du réseau SPES sont les témoins de ces situations familiales qui interrogent. « Nous relevons qu’il s’agit souvent de mamans, d’une quarantaine d’années, qui élèvent seules leurs enfants et parfois souffrant d’isolement », précise Françoise Ellien.
Support audiovisuel
Au lieu de proposer à ces mineurs une activité dans l’objectif d’alléger leur quotidien, le réseau SPES a préféré leur demander de quoi ils avaient besoin et ils ont souhaité qu’on « leur donne la parole ». Fin 2014, cet espace d’expression a pris la forme d’ateliers cinématographiques, adaptés à l’âge des participants et encadrés par une réalisatrice confirmée (Isabelle Brocard), baptisés JADE pour « Jeunes aidants ensemble ». Le support vidéo a été choisi pour son aspect fédérateur. « Le conseil général nous accueille dans des conditions confortables au domaine de Chamarande pour des stages d’une semaine. En plus d’initiation à la création vidéo, les jeunes participent à des groupes de parole animés par une psychologue. Ils peuvent s’appuyer sur une vraie dynamique de groupe. C’est une autre forme de répit, axée sur la créativité », détaille Françoise Ellien. Par l’image ou la parole, les aidants, qui généralement cachent leurs problèmes personnels, sortent alors de l’ombre. Pour aller au bout de la démarche, les stagiaires ont eu la chance de voir leur production projetée dans des cinémas locaux. L’initiative, qui est pour l’heure une expérience à évaluer, a déjà pu bénéficier à une quinzaine de jeunes aidants âgés de 8 à 22 ans.
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