Alors que se prépare le prochain congrès HLM, qui se tiendra à Lille du 17 au 19 juin, Michel Delebarre, président de l’Union sociale pour l’habitat, ne cache pas son inquiétude. « Le prochain congrès doit être un congrès de clarification sur deux points. Ce gouvernement a-t-il une politique sociale ou non ? Et comment l’Union peut-elle mettre en œuvre le droit au logement, alors même que nous constatons une diminution des crédits consacrés au logement social ? », a t-il lancé. « Sur les 42 000 logements neufs sociaux programmés en 2003, a continué Michel Delebarre, 12 000 logements ont été annulés, en raison du gel budgétaire imposé par Bercy. Alors qu’il faudrait construire 90 000 logements neufs pour répondre à une demande qui ne cesse d’augmenter, nous n’atteindrons cette année que l’objectif de 30 000 nouveaux logements ». A en croire son président, le mouvement HLM pourrait bien être à la veille d’une crise majeure : le recul de la construction neuve, associé à la baisse des crédits Palulos affectés à la réhabilitation de logements HLM dégradés, alors que la liste des demandeurs s’allonge et que les mutations au sein du patrimoine HLM diminuent, inquiète fortement l’Union.
Dans un contexte législatif chargé, puisque quatre projets de loi concernent directement les organismes HLM – la loi sur la décentralisation, la loi d’orientation et de programmation urbaine, la loi Habitat pour tous, et la loi de finances 2004 -, le président Delebarre n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme : « Ce qui va interpeller le congrès, c’est la revendication que l’on sent monter sur le besoin en matière de logements sociaux. Et les perspectives volontaristes de Jean-Louis Borloo en matière de démolition de logements sociaux obsolètes laissent apparaître une demande supplémentaire de logements destinés à reloger les familles concernées. Au total, ce sont bien 90 000 nouveaux logements sociaux qu’il faut produire par an ». Autre sujet d’inquiétude, « les crédits PALULOS, qui ont été divisés par deux au cours de ces trois dernières années, et l’actualisation des barèmes APL au 1er juillet prochain, qui risque d’être faible ». Autant d’incertitudes qui minent le moral des organismes HLM, et qui assombrissent d’autant les perspectives pour les demandeurs d’obtenir un logement. A en croire Michel Delebarre, il n’est pas rare d’attendre une attribution pendant six ans en Ile-de-France…
Claudine Farrugia-Tayar
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