Deux conseillers régionaux de l’UDI, Olivier Deschanel et Dominique Richard, membres de la commission « culture », dénoncent « une forme de censure » à l’encontre du réalisateur poitevin Vincent Lapize. Son documentaire, « Le dernier continent », raconte la lutte et le parcours des « zadistes », les opposants à la plate-forme aéroportuaire. « Je filme dans l’urgence et, à ma façon, je prends part aux combats », souligne l’auteur dans sa note d’intention.
Sa demande de subvention au titre de l’aide au développement avait été validée par le comité technique, composé de professionnels et chargé d’émettre un avis consultatif sur « la qualité artistique » des œuvres et « leur faisabilité technique, sociale et financière ». Et ses membres proposaient de lui attribuer 4 000 euros.
Mais lors du passage en commission permanente le 8 juillet 2013, le dossier a été retoqué par la majorité socialiste. Dans un communiqué, celle-ci souligne que le documentaire milite « ouvertement contre le projet d’aéroport qui est financé et soutenu par la collectivité régionale ». Et de se justifier ainsi : « Il serait totalement incompris, et probablement critiqué et moqué à juste titre, de voir figurer au générique d’un tel film la traditionnelle mention « avec le soutien du conseil régional des Pays de la Loire ». »
Apprécier la qualité artistique, pas le contenu – Pour Olivier Deschanel, « la décision constitue un précédent fâcheux ». L’élu n’a pas souvenir d’une production retoquée en commission permanente après le feu vert dudit comité technique. « Je n’ai pas de sympathie particulière pour les zadistes. Dominique Richard est favorable à Notre-Dame-des-Landes, moi j’y suis opposé. Mais là n’est pas le sujet : il s’agit d’apprécier la qualité artistique, pas le contenu sauf, évidemment, si la production contrevient à la loi. Il en va de la liberté de création. »
C’est théoriquement la ligne officielle de la politique régionale en faveur du cinéma et de l’audiovisuel. Sur son site internet, la collectivité indique « défendre la diversité de création sur son territoire ».
Le montant symbolique de l’aide tranche, soulignent les opposants à Notre-Dame-des-Landes, avec « les millions » dépensés par le conseil régional pour des opérations de communication et de lobbying en faveur de l’infrastructure.
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