Cette étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie et Capgemini Consulting, ne porte pas sur l’utilisation directe de la chaleur géothermique pour le chauffage ou la balnéothérapie, mais sur sa conversion en électricité, dans des centrales adéquates, qui nécessite des températures plus élevées (100 à 350 degrés).
Premier constat dressé: c’est la seule énergie renouvelable dite de base (c’est-à-dire à production constante, contrairement à l’hydraulique, l’éolien ou le solaire) et son coût (60 à 120 euros le MWh) la rend compétitive par rapport aux solutions classiques (nucléaire ou fossile). Les sites propices sont répartis dans une quarantaine de pays (notamment l’Indonésie ou les Philippines) et tous les continents.
Le parc de production existant est de 11.000 mégawatts, avec un marché annuel pour l’installation de nouvelles capacités évalué à 350 MW (environ 1,4 milliard de dollars). C’est très peu au regard d’autres énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien, mais l’Ademe estime néanmoins que ce marché va plus que doubler de taille dans la décennie qui vient, à 835 mégawatts ou 3,3 milliards de dollars.
Pour tirer parti de cet essor, « la France a de forts atouts à faire valoir avec des compétences et des savoir-faire présents sur l’ensemble de la chaîne de valeur », mais les industriels tricolores doivent s’organiser pour monter une « offre France », estime l’agence publique.
Pour l’instant, « la France est en train de prendre du retard », par rapport à des pays comme l’Islande, l’Italie, le Japon ou la Nouvelle-Zélande, « qui ont déjà développé des stratégies pour l’export », a commenté à l’AFP Philippe Laplaige, ingénieur au service Réseaux et énergies renouvelables de l’Ademe.
« Sur la chaleur géothermique, on a fait déjà des choses en France », mais en revanche le recours à l’électricité géothermique n’est guère envisagé qu’en Outremer, un marché trop limité pour motiver les industriel, relève-t-il. « Or il s’avère qu’à l’international, ce marché se développe fortement et la France peut y contribuer en développant une offre à l’export », a-t-il avancé.
« On a estimé entre 10 et 15% », la part du marché mondial que la France pourrait décrocher, a-t-il souligné.
L’étude a identifié plusieurs dizaines de candidats potentiels, qu’ils soient déjà présent ou pas dans la géothermie. « On a toutes les compétences présentes en France, le problème, c’est d’organiser cette offre, et d’aider les industriels à se fédérer : ce sont des acteurs plutôt de type PME, des sociétés de forages, des fournisseurs d’équipement, des exploitants et énergéticiens… », détaille-t-il.
L’Ademe et Capgemini réuniront cette semaine toutes les parties prenantes (groupes, banques, administration, BRGM…) à Paris pour définir un plan d’action, en vue de la conquête de ce marché de l’électricité géothermique.
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